Le dernier «P’tit gris» de Paris-Nord tire sa révérence. Remplacé par le «Francilien», le train de banlieue en inox va transporter ses ultimes voyageurs ce jeudi soir entre la gare du Nord et Valmondois (Val-d'Oise).
Cette rame, qui a elle seule a cumulé 3,7 millions de kilomètres depuis mise en service en 1971, partira de la capitale à 18h45. Saint-Denis, Enghien-les-Bains, Saint-Leu-la-Forêt...
Le Z 6100 sifflera à chaque entrée en gare jusqu’à la fermeture définitive des portes, à 19h53. Il sera ensuite expédié dans un entrepôt en attendant d’être probablement désossé. «C’est dommage car ces machines sont increvables. Je suis sûr que certaines peuvent circuler encore 40 ans», déplore Loïc Giulani, qui assurera le dernier voyage.
«Après ce soir, plus une seule des 85 rames qui existaient dans les années 1970 ne circulera. C'est une partie du patrimoine francilien qui s'éteint», souligne le cheminot de 31 ans, qui préside l'Association pour la préservation d'un «P’tit gris» du Nord (APPG Nord).
Après 10 ans à relier les terminus nord parisiens, le passionné éprouve un «pincement au cœur» en pensant au destin qui attend son train préféré.
«A l'époque, tout était construit pour durer. Et puis c'est très différent des rames de dernière génération. Dans la cabine jaune kaki, tout est rudimentaire. C'est très étroit, tout est en feraille, sans plastique, sans clim l'été et avec un chauffage qui vous fond le dos en hiver. Malgré tout, j'y éprouve autant de plaisir qu'un collectionneur dans une vieille 4L.»
«Certains trains roulaient avec les portes ouvertes»
Mais pour lui, le «P’tit gris» a aussi construit son histoire à travers les voyageurs. «Jusqu'au début des années 2000, il n'était pas rare de voir des trains rouler avec des portes ouvertes quand il faisait chaud, des usagers faisant le voyage assis sur le marchepied. C'est impossible aujourd'hui pour des raisons évidentes de sécurité.»
Un livre d'or sera d'ailleurs disponible ce jeudi à la gare du Nord, à Ermont-Eaubonne, à Ecouen et à Persan-Beaumont pour permettre aux voyageurs d'y raconter leurs anecdotes. Un livre en reprendra les plus belles histoires d’ici à cet été.
Les amoureux du rail les plus optimistes peuvent également espérer reprendre un ticket pour un voyage vintage dans les prochaines années. Avec son association, Loïc Giulani a entrepris des démarches auprès de la SNCF afin de sauver une seconde rame de la casse (seul un exemplaire doit être conservé et exposé à la Cité du train de Mulhouse).
L'objectif serait de la faire circuler ponctuellement pour des événements touristiques, pour le Prix de Diane à Chantilly (Oise) par exemple. Reste à l'AGPPG de trouver un lieu pour l'entreposer avant que l'entrepôt de La Chapelle, qui abrite la rame convoitée, ne ferme, fin janvier.