Dans une vaste enquête qui compile de nombreuses études françaises et internationales, l'InVS s'inquiète de la pollution atmosphérique en ville. Décryptage d'Arthur de Pas, ingénieur à Airparif.
La pollution atmosphérique en ville est un problème de santé publique persistant. Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce matin, l’InVS tire la sonnette d’alarme avec un bilan très noir de quinze ans d’études. Pour Arthur de Pas, ingénieur à Airparif, institut chargé d'étudier l'air francilien, la France ne respecte pas les normes européennes.
De quoi parle-t-on quand on évoque la pollution atmosphérique ?
Il s’agit des polluants qui ont un impact sur la santé qu’il ne faut pas confondre avec les gaz à effet de serre. Il y a les particules dites fines, les dioxydes d’azote et d’ozone. Ils proviennent notamment de la densité du trafic routier, des modes de chauffage ou des activités industrielles. Plus on s’approche des agglomérations, plus le problème s’amplifie.
En pénétrant dans l’organisme, elles peuvent entraîner des infections des voies respiratoires ; cela peut aller de l’asthme à des problèmes cardiovasculaires.
Comment cette pollution évolue-t-elle ?
Depuis 1979 qu’Airparif scrute la pollution en Ile de France, globalement, les résultats vont dans le bon sens. Certains polluants, comme le dioxyde de soufre ne posent plus de problème. D’autres ne sont plus dans l’air francilien sous l’effet de la délocalisation de certaines industries. Mais il y a des molécules qui restent préoccupantes comme le dioxyde d’azote. Aujourd’hui, le bilan est donc contrasté car la France est toujours au-dessus des standards internationaux.
Qui fixe les normes ?
La législation est fixée par l’Union européenne puis elle est retranscrite dans le droit national. Ce qui fait que la France est sous le coup de procédures européennes. Un contentieux est actuellement en cours avec la commission européenne qui fait risquer à l’Etat une forte amende.
Comment réduire les taux ?
Il n’y pas de remède miracle mais plutôt une combinaison de solution. Si l’on regarde la pollution liée au trafic routier, il y a deux options : améliorer les technologies des véhicules pour espérer réduire leurs émissions ou restreindre la circulation sur certaines zones.
L’InVS évoque les péages urbains testés à Londres et Suède. Est-ce une bonne idée ?
A elle seule, cette solution ne pourra pas résoudre le problème mais les gains ne sont jamais négligeables. La moindre baisse de la pollution a en effet des effets positifs pour la santé.
Quelles sont les autres pistes évoquées en Ile de France ?
Comme chaque région française, l’Ile de France a un plan de protection de l’atmosphère. Celui-ci est justement en cours de révision et l’on se pose la question de quels sont les leviers à actionner. L’une des pistes mène à l’interdiction du chauffage au bois dans l’agglomération parisienne. Quant à l’objectif de réduction du trafic, il pourrait concerner Paris jusqu’à l’autoroute A86.