Malgré des progrès chez les très jeunes enfants ces dernières années, les Français ne se font pas suffisamment vacciner, notamment contre la grippe, selon la première grande synthèse rendue publique mardi par l'Institut de veille sanitaire (InVs).
"La couverture vaccinale est insuffisante pour la plupart des vaccins, car elle est en dessous de la cible de 95% de couverture vaccinale, qui est la cible pour la plupart des vaccins sauf pour la grippe, où la cible est de 75%", a expliqué mardi au cours d'un point de presse Jean-Paul Guthmann, coordinateur du programme d'évaluation et de suivi de la couverture vaccinale de l'InVs, sans fournir d'explication sur cette tendance.
Un membre de l'Académie de médecine, le Pr Pierre Bégué a cependant dénoncé le mois dernier un climat général de "suspicion" contre les vaccins, avec un nombre grandissant de parents refusant la vaccination de leurs enfants par "conviction personnelle", notamment par crainte des effets secondaires.
En rassemblant toutes les données disponibles sur les injections de vaccins obligatoires ou recommandés pour des populations définies, l'InVs a toutefois dressé un tableau globalement satisfaisant en ce qui concerne les très jeunes enfants.
A deux ans, plus de 98% des enfants sont à jour pour les trois vaccins obligatoires (DTP - diphtérie, tétanos, poliomyélite) et deux autres recommandés (la coqueluche et l'haemophilus influenzae b ou Hib).
Des progrès ont également été enregistrés en ce qui concerne le vaccin de l'hépatite B, avec une couverture vaccinale qui atteint désormais 66% à l'âge de deux ans, après avoir longtemps stagné aux environs de 30%, grâce notamment à la commercialisation d'un vaccin hexavalent (contenant six vaccins dont celui de l'hépatite) à partir de 2008.
La rougeole, une priorité
La situation reste en revanche préoccupante en ce qui concerne la rougeole, une infection virale qui peut entraîner de graves complications à tout âge, avec plus de 22.000 cas déclarés en France depuis 2008. Un pic d'incidence a même été enregistré durant l'hiver 2010-2011, avant de baisser la saison passée.
Contre la rougeole, la vaccination "ROR", qui prémunit également contre les oreillons et la rubéole, est seulement "recommandée", avec deux doses de vaccins, l'une à neuf mois et l'autre entre un et deux ans.
"La couverture est insuffisante pour la 1ère dose puisqu'elle ne touche que 89% des enfants au lieu de 95% et insuffisante pour la 2e, bien qu'elle soit passée de 30% en 2006 à 65% en 2010" note M. Guthmann.
Le vaccin de la rougeole est également recommandé pour les jeunes adultes de moins de 30 ans dont la plupart n'ont jamais été vaccinés ou n'ont reçu qu'une seule dose, comme c'était le cas dans les années 80.
Trop peu de rappels chez les adultes
Des problèmes subsistent, avec le rappel du vaccin de la coqueluche qui n'est plus assez effectué chez les adolescents (57%) et reste très insuffisant (21 à 27%) dans l'environnement familial immédiat des bébés de moins de trois mois qui ne sont pas encore vaccinés, selon l'InVs.
Le son de cloche est le même pour le BCG, la vaccination contre la tuberculose qui n'est plus obligatoire depuis 2007, mais qui reste recommandée pour les populations à risques et pour tous les enfants d'Ile-de-France et de Guyane.
Quant aux adultes, ils restent, selon l'InVs, trop peu nombreux à effectuer les rappels recommandés de vaccins DTP tous les dix ans.
Le gros point noir reste la vaccination contre la grippe saisonnière, qui s'est effondrée de près de 10 points après le fiasco de la campagne de vaccination contre la pandémie grippale A (H1N1) de 2009, passant de 63% en 2008 à 54% l'an dernier chez les plus de 65 ans, la population cible.
Le personnel soignant reste lui aussi très réservé vis-à-vis de la vaccination anti-grippale, avec seulement 25% de vaccinés, selon une enquête effectuée en 2009.