L'enquête sur la tuerie de Chevaline en Haute-Savoie se poursuivait samedi des deux côtés de la Manche.
Un premier gendarme de la section de recherches de Chambéry, en charge du dossier, est arrivé à Londres vendredi après-midi dans le cadre d'une commission rogatoire internationale. Deux autres l'ont rejoint vendredi soir, tandis qu'un quatrième était attendu samedi.
Ils doivent participer, dès samedi matin, à la perquisition du domicile de la famille Al-Hilli, visée par un tireur mercredi en Haute-Savoie. La perquisition sera "très longue", a indiqué une source proche de l'enquête, ajoutant qu'elle dépasserait la journée.
Les enquêteurs espèrent notamment "faire parler" la maison à colombages de la famille al-Hilli à Claygate. "On attend beaucoup de cette perquisition", a confirmé le procureur.
Le frère du père entendu
Le frère de Saad al-Hilli sera entendu en Grande-Bretagne, au même titre que l'ensemble de l'entourage des victimes. Ce membre de la famille qui avait un différend financier avec son frère, s'était présenté de lui-même, dès jeudi, à la police britannique.
En France les recherches continuent
Après sa sortie de coma artificiel, la fillette de sept ans, griévement bléssées, devrait être "très rapidement entendue" par les enquêteurs, selon le parquet. "On espère qu'elle pourra nous dire ce qu'elle a vu, donner des descriptions, le nombre de personnes, hommes ou femmes, des couleurs de peau, des vêtements. Enfin, tout ce qui peut permettre un début d'identification", a indiqué le procureur.
Par ailleurs, les enquêteurs travaillent encore pour déterminer le lien de parenté entre la famille et la femme la plus âgée, de nationalité suédoise, découverte dans leur voiture: "En l'état, on n'a pas les moyens de savoir si c'est une grand-mère, une tante, une amie", a envisagé le procureur.
Les enquêteurs continuent également de creuser la piste d'un 4x4 vert et d'une moto qui auraient été vus par plusieurs témoins après les assassinats.
25 gendarmes ont repris des recherches samedi matin sur une zone élargie de 4 km2 autour des lieux de la tuerie, afin de récolter d'éventuels indices. "Ils vont inspecter les cabanes autour, tous les lieux possibles", a expliqué le colonel Bertrand François, commandant le groupe de gendarmerie de Haute-Savoie. "Il n'y a pas d'indice qui nous permet de dire qu'il y a quelque chose à trouver, mais on le fait par souci de méthode", a-t-il ajouté.
Les polices suisse et italienne ont quant à elles été mobilisées dans le cadre du dispositif mis en place pour tenter d'interpeller le ou les auteurs de cette tuerie.
Avec près de 25 douilles retrouvées sur la scène de la tuerie, l'hypothèse d'un tireur unique semble de moins en moins envisageable, même si les enquêteurs n'excluent aucun scénario. "Cela fait beaucoup pour un seul homme, mais tout est possible et rien ne permet de savoir combien de personnes étaient présentes", selon le procureur.
Des membres de la famille en France
Des membres de la famille sont arrivés en France et pourraient rencontrer prochainement la cadette en présence d'un enquêteur. Il s'agit d'"un homme et d'une femme, accompagnés d'un enquêteur social britannique", a déclaré le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud. "Je ne sais pas quand ils pourront voir la petite fille. Il faut qu'on s'assure que ça puisse se faire sans difficulté", a-t-il ajouté. Les rencontres se feront "systématiquement" en présence d'un enquêteur français, a-t-il précisé.
Zeena, quatre ans, restée huit heures cachée dans la voiture avant que les enquêteurs ne la découvrent, "ne sera plus réentendue" par les enquêteurs, a précisé le procureur. "C'est terminé pour elle", a-t-il ajouté.
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