Pour avancer à tâtons, escalader, descendre encordé ou ramper dans des passages étroits dans un milieu naturel parfois hostile, le massif du Jura accueille chaque année plusieurs dizaines de milliers de curieux venus s'initier à la spéléologie.
Le massif franco-suisse du Jura compte quelque 20.000 cavités, dont plus de 10.000 en Franche-Comté. Le réseau du Verneau, le plus grand de la région, mesure 35 kilomètres, contre 100 pour le plus long de France, le réseau de Trombe dans les Pyrénées.
Pour le guide Didier Cailhol, "l'intérêt du massif du Jura est qu'il offre une très grande accessibilité tout au long de l'année, quelque soit la météo, contrairement aux Alpes, aux Pyrénées ou au Vercors, beaucoup plus exposés aux variations climatiques".
Le professionnel estime entre 20.000 et 30.000 par an le nombre de personnes qui pratiquent la spéléologie dans le Jura, dont environ 35 % d'étrangers.
"C'est le premier massif en descendant du nord, il attire particulièrement les Alsaciens et les Lorrains, les Belges, les Allemands et les Suisses", constate un autre guide, Thibault Grandmottet.
Dans le gouffre de Montrond-le-Château (Doubs), l'obscurité est totale et le silence de plomb, à l'exception du murmure de l'eau qui s'infiltre. La découverte du monde souterrain, de ses cristallisations colorées et de ses rivières insoupçonnées attise la curiosité de l'homme.
"Le massif du Jura est le royaume des spéléologues: karstique à presque à 100%, il offre une très grande diversité de cavités, horizontale et verticales, ainsi qu'un grand nombre de rivières souterraines", explique Benoit Decreuse, responsable au comité départemental de spéléologie du Doubs.
"L'envie de découverte"
"Les spéléologues sont des explorateurs. C'est l'envie de découverte et de passer partout qui les motive. Chaque expédition est une aventure et l'émotion est toujours au rendez-vous", confie Ivan Binot, responsable de l'antenne régionale du Syndicat national des professionnels de la spéléologie et du canyon.
En Franche-Comté, plusieurs kilomètres de nouveaux réseaux souterrains sont dévoilés chaque année par près de 430 spéléologues locaux, avec parfois à la clé quelques surprises: en 2010, trois squelettes d'ours bruns préhistoriques ont été découverts dans le gouffre de la Nisotte, à L'Hôpital-du-Grosbois (Doubs).
L'accessibilité du réseau et sa facilité n'empêche pourtant pas les accidents. En 2010, un Belge était resté bloqué une journée dans le gouffre d'Ouzène à Tarcenay (Doubs).
"On essaie de se battre contre cette image de danger parce que les accidents sont ultramédiatisés, alors qu'il y en a moins de 15 par an sur toute la France. C'est minime", souligne Thibault Grandmottet.
Le massif présente également des sites d'exception comme la Grotte d'Osselle, dans le Doubs. Découverte au 13e siècle et visitée depuis 1504, c'est la plus ancienne caverne touristique connue, avec Antyparos (Grèce).
Serpentant jusqu'à 110 mètres sous terre, c'est la plus importante nécropole d'ours de cavernes du monde avec près de 3.000 squelettes de cet animal qui vivait il y a 50.000 ans. Le premier squelette complet, découvert en 1826, est exposé au British Museum de Londres.