Les parents de la petite Marina Sabatier, qui comparaissaient depuis le 11 juin devant la cour d'assises de la Sarthe, ont été condamnés mardi à 30 ans de réclusion. Ils étaient jugés pour avoir causé la mort de leur fillette, victime de tortures et d'actes de barbarie. Un drame familial d'une violence extrême qui met aussi en cause le role des services de protection de l'enfance.
La fillette a succombé en 2009 à une série d’actes de torture et de négligence. Elle était âgée de huit ans. Cela faisait déjà plusieurs années que la petite Marina Sabatier subissait un véritable martyre. Elle nait sous X en 2001, avant que sa mère, Virginie, ne revienne sur sa décision et décide de la reconnaitre quelques jours après. Non-désirée, la petite fille grandit dans l’indifférence de ses parents qui la privent de nourriture, lui infligent des douches froides et des coups. Marina s’enferme dans le mutisme, mange salement, s’urine dessus, expliquent les parents. Ils multiplient alors les punitions et la cloîtrent dans les sous-sols ou dans le grenier.
Les services sociaux impuissants
A six ans, les parents doivent la scolariser. Pour camoufler les blessures et les hématomes, ils écrivent de faux certificats médicaux. Les enseignants relèvent toutefois la présence de traces de mauvais traitements, sur le corps de la fillette mais également sur son visage régulièrement boursouflé ou couvert d'ecchymoses. En 2008, ces signalements remontent jusqu’au parquet du Mans qui se contente de classer l’affaire malgré le rapport médical.
Alors que les pouvoirs publics s’intéressent à la famille Sabatier, le couple continue à torturer sa fille. En avril 2009, Marina est hospitalisée plus d’un mois pour des lésions aux pieds consécutives à des sévices. Les services de la protection de l’enfance décident alors de réagir et donnent rendez-vous à la famille qui ne répond pas aux convocations. Ils réfléchissent alors à saisir une nouvelle fois le parquet… Mais il est déjà trop tard. Marina est morte le 6 août 2009. D’après le récit des parents, elle n’a pas survécu à une dernière séance de torture où elle a été plongée dans un bain glacé, forcée à boire du vinaigre et du gros sel avant d’être passée à tabac. Le couple l’enferme alors dans le sous-sol, nue, et la retrouve inanimée le lendemain.
Le faux scénario
Un mois plus tard, Eric Sabatier échafaude un scénario où il tente de conduire les gendarmes sur une fausse piste en feignant la disparition de sa fille sur le parking d'un fast-food de Saint-Saturnin (Sarthe). Les gendarmes saisissent immédiatement le dossier de la petite Marina auprès des services de la protection de l’enfance, et confrontent les versions contradictoires des deux parents. Au bout de trois jours, ces derniers finissent par tout avouer et amènent les gendarmes jusqu’au lieu où ils ont caché le corps de leur fille. Elle est retrouvée dans un local technique, enveloppée dans un drap dans une caisse en plastique remplie de béton.
L’avocat d’Eric Sabatier (40 ans) explique que seule Marina a subi ces sévices, et pas les trois autres enfants du couple. « Ce sont des faits terribles, reconnus par les parents », a néanmoins confié à l’AFP, Me Boris Marie.
Le 25 juin, l'avocat général a requis contre Eric Sabatier et Virginie Darras une peine minimale de 30 ans de réclusion criminelle.
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