Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Tout au long de la Coupe du Monde au Brésil, il tient ses chroniques dans les colonnes de Direct Matin.
Voilà, les Bleus sont rentrés hier en France avec la satisfaction du devoir accompli. Comme l’avait dit Didier Deschamps avant le quart de finale contre l’Allemagne : «La Coupe du monde n’est pas réussie, mais elle n’est pas ratée.»
Tout était dit avec cette formule, et ce non-match qui a entraîné l’élimination contre nos voisins germaniques passera vite, si ce n’est déjà fait, au rayon des pertes et profits. En fait, tout le monde s’en fiche un peu. Ce qui compte, vous comprenez, c’est l’image.
Montrer que l’équipe de France est devenue une bande de chouettes copains, ce qui est probablement vrai en plus, avec assaut de selfies et de poutous en tous genres depuis le début de la préparation.
Le génie de Didier Deschamps est là. Fort d’un tirage au sort sur mesure pour ce Mondial brésilien, le sélectionneur des Bleus a tout misé sur l’image, l’état d’esprit et la volonté affichée de gommer le pesant et douloureux souvenir de Knysna, né il y a quatre ans en Afrique du Sud. Le terrain, le jeu, après tout, n’étaient peut-être pas vraiment la priorité pendant cette Coupe du monde au Brésil.
Les deux premières rencontres, très réussies, contre le Honduras (3-0), puis la Suisse (5-2), ont définitivement lancé le train bleu sur les rails du bonheur et de la béatitude. Le troisième match de poules sans enjeu, contre l’Equateur, pas bon (0-0) ? Aucune importance, les Tricolores ont fini en tête du groupe E. Le huitième de finale pénible contre le Nigeria (2-0) ? Pas grave, l’essentiel restait la qualification. Le quart de finale raté sans aucune émotion face à l’Allemagne (0-1) ? Le contrat, fixé par le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, avant le début du tournoi, est rempli.
Didier Deschamps peut désormais préparer l’Euro 2016 en France en toute quiétude et avec un crédit illimité de l’opinion publique. Il lui reste plusieurs choses à régler quand même. Mais on reverra très vite des joueurs comme Raphaël Varane, Mamadou Sakho, Lucas Digne, Blaise Matuidi, Paul Pogba, Antoine Griezmann, sans oublier d’éventuels nouveaux venus comme Adrien Rabiot, Layvin Kurzawa ou Florian Thauvin, pour ne citer que ceux-là.
Il restera aussi à appliquer les mêmes critères d’exigence à un Karim Benzema, qui choisit son poste et son partenaire d’attaque, sans vraiment renvoyer l’ascenseur dans les matchs sérieux et surtout à enjeux. Parce que dans deux ans, les termes du contrat seront bien plus élevés.