Karim, 16 ans, a été victime d'un enlèvement et de violences aggravées à Reims (Marne) ce dimanche 5 mai. Deux personnes ont été interpellées et déférées dans le cadre de cette affaire, dans laquelle de nouveaux éléments ont été dévoilés ce vendredi 10 mai. Une information judiciaire a été ouverte.
Une nouvelle histoire sordide. Dimanche 5 mai, un adolescent de 16 ans a été attiré devant son domicile par une connaissance à Reims (Marne). Une fois sur place, il a été enlevé et séquestré par cinq individus à bord d'une Renault Clio. Une enquête a alors été ouverte et confiée au Service Interdépartemental de la Police Judiciaire (SIPJ) de Reims.
Cette enquête est menée sous les qualifications d'enlèvement et séquestration sans libération volontaire et violences aggravées. Le mineur, «sans histoire», a été blessé, mais le parquet de Reims a indiqué que le pronostic vital de l'adolescent n'est pas engagé. En revanche, il s’est vu prescrire une ITT de huit jours. Le parquet a par ailleurs précisé que son incapacité de travail pourrait être prolongée au vu de l’ampleur des préjudices psychologiques.
un guet-apens prémédité
Selon les premiers éléments de l'enquête, une ancienne histoire d'amour serait au cœur de l'affaire. L'adolescent a confié aux enquêteurs que l'agression a été organisée par le frère et la mère de la jeune fille avec qui il entretenait une relation. Selon l'adolescent, le frère de son ex-petite amie, avec l'aide d'une connaissance, lui aurait tendu un guet-apens afin de lui réclamer une confrontation avec sa sœur, pour qu'ils s'expliquent tous les deux sur leur ancienne relation.
Cinq individus, dont le frère de l'adolescente, auraient donc forcé le jeune Karim à entrer dans une voiture pour l'amener au domicile de son ex-petite amie. Selon son témoignage, Karim aurait été frappé pendant tout le trajet, à tel point qu'il aurait perdu connaissance. Il se serait réveillé aux pieds d'un immeuble avant de recevoir encore des coups et d'être conduit dans un appartement.
Sur place, l'adolescent aurait continué à recevoir des coups, dont un coup de couteau qui lui a été porté au visage. L'adolescent a également rapporté que son ex-petite amie se trouvait aussi dans l'appartement, le crâne rasé, ainsi que la mère de cette dernière, qui ne serait pas intervenue.
La jeune fille également séquestrée
Le lendemain des faits, alors qu'elle a été déclarée absente auprès de son école par sa famille, en raison d'un supposé voyage de trois semaines au Tchad, dont elle est originaire, l'ex-petite amie de Karim s'est rendue au commissariat d'Antony (Hauts-de-Seine), non loin du domicile de l'une de ses amies. Elle a expliqué avoir été violentée par son frère et sa mère dans l'appartement familial. La police judiciaire l'a ensuite ramenée sur Reims pour qu'elle soit entendue.
Elle a expliqué aux enquêteurs que son grand frère avait découvert des photos et vidéos sur son téléphone qui confirmaient sa relation avec Karim, ce qui aurait provoqué «sa fureur» et celle de sa mère. D'après la jeune fille, cette dernière était la plus virulente, lui aurait craché dessus, l'aurait insultée et lui aurait mis un couteau sous la gorge. Toujours selon ses propos, la jeune fille aurait tenté de se jeter par la fenêtre avant d'être retenue de justesse par son frère qui l'aurait à nouveau rouée de coups.
Sa mère l'aurait ensuite enfermée dans sa chambre, avant de lui «raser ses tresses» et de la menacer de la renvoyer au Tchad. C'est à la suite de ces menaces que la jeune fille aurait décidé de fuir son domicile, dans la nuit du 6 au 7 mai, afin de rejoindre l'une de ses amies à Antony dans les Hauts-de-Seine.
La mère et le frère interpellés et déférés
Face à ces révélations, la police judiciaire a procédé à l'interpellation du frère et de la mère de l'adolescente. Selon le procureur de la République de Reims, le grand frère avait été condamné en 2023 à une peine de prison pour des violences graves et se trouvait sous bracelet électronique. Devant les enquêteurs, il aurait partiellement reconnu les faits mais nié la séquestration.
Après avoir tout nié dans un premier temps, la mère a pour sa part admis avoir frappé sa fille et lui avoir coupé ses tresses, mais elle a continué de prétendre qu'elle était absente lors du passage à tabac de Karim dans l'appartement.
Les deux mis en cause ont finalement été déférés ce vendredi, en vue de l'ouverture d'une information judiciaire. La mère et son fils ont été mis en examen, lui pour les chefs d'«enlèvement et séquestration sans libération volontaire, et violences aggravées par trois circonstances : préméditation, armes et en réunion», et elle pour «non dénonciation de crimes ou de délits».
Ce vendredi, selon le parquet de Reims, le jeune homme a été placé en détention et sa mère sous contrôle judiciaire.