Les accusés dans le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 4 ans de prison. Sept personnes, des proches de l'assaillant Radouane Lakdim, étaient jugés depuis le 22 janvier par la cour d'assises spéciale de Paris.
Les peines sont nettement inférieures à celles réclamées par l’accusation. Ce vendredi, la cour d'assises spéciale de Paris a condamné à des peines allant de six mois à quatre ans de prison ferme les sept accusés dans le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne.
En mars 2018, Radouane Lakdim, un homme radicalisé de 25 ans, avait tué un salarié et un client du supermarché Super U de Trèbes (Aude), ainsi que le gendarme Arnaud Beltrame, qui s'était substitué à une caissière prise en otage, et un retraité de 61 ans. Depuis un mois, sept de ses proches, six hommes et une femme âgés de 24 et 35 ans, étaient jugés pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle».
Les peines prononcées ce vendredi sont bien inférieures aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), qui avait demandé des peines allant jusqu’à 11 ans de prison.
Quatre des cinq accusés jugés pour association de malfaiteurs terroriste ont été acquittés pour cette infraction. Seule Marine Pequignot, la petite amie radicalisée de l'assaillant, a été reconnue coupable de cette infraction et a été condamnée à cinq ans de prison dont deux avec sursis, mais ne retournera pas en prison. Elle avait déjà passé deux années de détention provisoire mais n'est plus radicalisée.
détention d'armes
L’accusation était persuadée que Marine Pequignot était au courant de «quasiment» tout du projet d'attentat de son petit ami et qu'elle préparait de son côté un départ en Syrie. «J'ai reconstruit ma vie pendant quatre ans et j'aimerais que vous me laissiez la chance de pouvoir continuer», avait imploré vendredi matin dans ses derniers mots à la cour la jeune femme, aujourd’hui âgée de 24 ans.
Samir Manaa, 28 ans, un ami de Radouane Lakdim qui l’avait accompagné acheter le couteau avec lequel le radicalisé a ensuite tué Arnaud Beltrame, a uniquement été condamné pour un délit connexe sur de la détention d'armes (sans lien avec l'attentat) à trois ans d'emprisonnement. Le Pnat avait pourtant requis 10 ans de prison contre lui, la deuxième peine la plus lourde.
La cour a aussi condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, l'ami qui n'avait pas dénoncé l'assaillant, à trois ans d'emprisonnement le beau-frère de Radouane Lakdim pour avoir nettoyé l'appartement de ce dernier pendant l'attentat, à quatre ans d'emprisonnement dont deux avec sursis pour celui qui avait discuté modalités du jihad avec l'assaillant sur internet, des chefs de «provocation à un acte de terrorisme».
«une grande complaisance à l'égard du terroriste»
La peine la plus lourde a finalement été prononcée contre un accusé devenu secondaire au fil du procès, le chef du trafic de drogue de la cité, qui, selon l'accusation faisait parfois dealer Radouane Lakdim en sachant qu'il était radicalisé. Il a été acquitté pour l'association de malfaiteurs terroriste, mais condamné pour des délits de détention d'armes (sans lien avec l'attentat), à quatre ans d'emprisonnement.
«L'infraction de l'association de malfaiteurs terroriste implique quand même des actes matériels au soutien à tout le moins d'un projet terroriste. S'il n'y a pas d'acte matériel, même en cas de complaisance, on ne peut pas retenir l'association de malfaiteurs terroriste», a déclaré comme un rappel le président Laurent Raviot à la fin de son délibéré. «Beaucoup de gens dans cette affaire ont manifesté une grande complaisance à l'égard du terroriste», a-t-il poursuivi. «Et à défaut de responsabilité pénale, ils ont une responsabilité morale très importante. Je les laisse à leur conscience», a-t-il conclu.