Deux adolescentes allemandes de 12 et 13 ans ont avoué avoir tué, le 11 mars dernier, une de leurs camarades à coups de couteau. Une affaire «exceptionnelle» par sa violence, qui bouleverse tout le pays.
Tout un pays sous le choc. L'Affaire continuait de bouleverser l’Allemagne, cette semaine, alors que deux adolescentes de 12 et 13 ans ont avoué avoir tué une de leur camarade, le 11 mars dernier.
Que s'est-il passé ?
Les faits ont été révélés par la police et le parquet lors d’une conférence de presse, du jamais vu dans le pays. Luise, la victime, était portée disparue depuis qu’elle avait quitté le domicile d’une amie samedi dernier, en fin d’après-midi, non loin de Freudenberg (ouest).
Ses parents, inquiets, avaient alerté les forces de l’ordre trois heures après sa disparition. Le corps sans vie de leur fille avait été retrouvé dimanche par la police dans un bois, à quelques kilomètres de chez eux.
«Elle est morte après avoir perdu beaucoup de sang à la suite de nombreux coups de couteau», a expliqué le procureur de Coblence, Mario Mannweiler. Le magistrat a précisé qu'il n'y avait «aucune preuve d'une quelconque agression sexuelle». Luise aurait reçu une trentaine de coups de couteau, mais l'arme du crime n'a pas encore été retrouvée.
Les deux suspectes «ont donné des informations sur l'affaire et ont finalement avoué les faits», a ajouté de son côté Florian Locker, le responsable de la police de Coblence, soulignant que leurs déclarations concordaient avec les faits.
Pourquoi ce meurtre ?
Si les trois jeunes filles se connaissaient, selon le procureur de Coblence, aucune information de la part des autorités n'a indiqué si oui ou non elles étaient scolarisées dans le même établissement, ou si elles étaient dans la même classe. Aucun élément n'a également filtré sur l'identité des suspectes et le mobile présumé de leur acte.
«C'est un sujet complexe et les raisons de leur geste sont à analyser en fonction de leur âge», a encore souligné Mario Mannweiler, avant d’ajouter que «ce qui serait une motivation possible pour un enfant peut paraître complètement incompréhensible pour un adulte».
Le journal allemand Bild affirme toutefois que, selon ses informations, Luise aurait été victime de harcèlement de la part des deux jeunes filles mises en cause, et aurait décidé d’en parler à des adultes. Il pourrait donc s’agir d’une «vengeance».
Irresponsabilité pénale
Si les deux présumées meurtrières n’étaient pas connues des services de police, de par leur âge (en dessous de 14 ans) elles ne sont pas «pénalement responsables», d’après Mario Mannweiler. Elles ont été confiées aux services sociaux et de protection de la jeunesse.
Durant la conférence de presse, le vice-président de la police de Coblence Jürgen Süss, sous le choc tout comme les enquêteurs, a déclaré qu’«après quarante ans de service dans la police, il y a encore des événements qui nous laissent sans voix».
«L'acte en lui-même est très exceptionnel et nous bouleverse», a renchéri le procureur. Le chef du gouvernement de l'État régional de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), Hendrick Wüst, n'a pas non plus caché son émoi. «Il est difficile d'imaginer et de supporter que des enfants soient capables de tels actes», a-t-il déclaré.
Selon ce dirigeant conservateur, «le nombre des délits et des actes violents de la part d'adolescents ou d'enfants de moins de 14 ans progresse depuis quelques années».
Ainsi, ce dernier a appelé à davantage de travail de prévention dans cette classe d'âge. Un message de condoléances s'affichait mardi sur le site internet du collège de Luise à Freudenberg, une ville située à environ 80 kilomètres de Bonn et de Cologne.