Jugé en appel pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda pourrait voir son procès reporté à une session d'assises ultérieure.
Nouveau rebondissement dans le jugement de l'assassinat de la jeune Narumi Kurosaki. L'ouverture du procès en appel, prévue mardi, a été reportée à ce jeudi 23 février. Mais les audiences pourraient connaître un nouveau renvoi car l'accusé, Nicolas Zepeda, a un nouvel avocat qui réclame davantage de temps pour s'imprégner de cet épais dossier.
Condamné en première instance à 28 ans de prison, l'accusé devait à l'origine être défendu devant la Cour d'assises d'appel de la Haute-Saône par Me Antoine Vey, ténor du barreau parisien. Mais ce dernier a adressé une lettre au président de la cour, François Arnaud, dans laquelle il affirme avoir été récusé par son client le 18 février dernier.
Une version contestée par le nouveau conseil de Nicolas Zepeda, Me Renaud Portejoie, selon qui Antoine Vey se serait lui-même déporté en faisant valoir «sa clause de conscience». L'accusé chilien de 32 ans a affirmé ne pas être «le responsable de cette situation». «J'ai tout fait pour me préparer, a-t-il ajouté. Je souhaite un vrai procès».
Pour Me Renaud Portejoie, pénaliste clermontois connu pour avoir défendu Cécile Bourgeon dans l'affaire Fiona, il est tout simplement «impossible» d'assister son client en l'état. Ce jeudi, face aux jurés, il a demandé des «semaines» de délai pour prendre connaissance des 8 à 10.000 pages du dossier.
«Il faudrait 300, 400 heures pour simplement (le) lire», a-t-il fait valoir. «Le procès s'est effondré mardi matin [...] Il pourrait se tenir avant l'été, au début de l'automne», a suggéré l'avocat, qui se dit «conscient de l'enjeu judiciaire».
Une «prise en otage»
Jugeant «la duplicité» de Nicolas Zepeda «sans limite», l'avocat général, Etienne Manteaux, a refusé cette perspective. Demandant que l'audience reprenne dès lundi, il a estimé que quatre jours supplémentaires constituaient un «délai raisonnable» pour permettre à la défense de se préparer.
Les avocats de la famille de Narumi Kurosaki ont quant à eux dénoncé la «prise en otage» de leurs clients. S'en remettant «à la sagesse» de la cour, ils ont toutefois insisté sur la détresse de la mère et des deux soeurs de la victime, qui ont fondu en larmes à l'évocation d'un potentiel renvoi du procès.
Les différentes parties avaient déjà été très éprouvées par la procédure en première instance, marquée par la détermination de Nicolas Zepeda à clamer son innocence malgré un dossier à charge.
Le Chilien, qui encourt la perpétuité, avait rencontré la victime alors qu'ils étudiaient tous deux au Japon. En 2016, Narumi Kurosaki, 21 ans, avait rompu avec lui, peu de temps après s'être installée à Besançon pour y apprendre le français.
Nicolas Zepeda l'avait rejointe en France sans la prévenir, passant la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec elle. Des témoins ont dit avoir entendu des «hurlements» et un bruit sourd au sein de la résidence universitaire ce soir-là. La jeune femme n'a pas reparu après cela et son corps n'a jamais été retrouvé.