Un médecin français accusé d'avoir violé plusieurs adolescents vietnamiens est jugé à partir de ce lundi aux assises de Paris.
Entre 2011 et 2013, Olivier Larroque, médecin français de 60 ans, a officié comme gastroentérologue à l'Hôpital français de Hanoï, au Vietnam. Il est accusé d'avoir, au cours de cette période, violé plusieurs adolescents vietnamiens. L'homme doit être jugé à partir d'aujourd'hui et jusqu'à vendredi aux assises de Paris. Les débats pourraient se tenir à huis clos.
Les investigations à son encontre ont débuté en 2013, après un signalement adressé à l'ambassade de France au Vietnam. Une association locale y rapportait les témoignages d'enfants des rues âgés de 13 à 15 ans accusant ce médecin de les avoir contraints à des actes sexuels.
Une carte mémoire SD dérobée par l'un des adolescents avait été jointe au courrier. Elle contenait des dizaines de vidéos et photographies montrant Olivier Larroque se mettant en scène lors de rapports sexuels avec de jeunes garçons.
Ce signalement avait donné lieu à l'ouverture d'une enquête en France, qui a elle-même conduit à l'arrestation de l'accusé au Vietnam, en juillet 2013. Expulsé du pays, il avait par la suite été interpellé sur le sol français dès sa sortie d'avion.
Neuf des victimes présumées, âgées d'environ 15 ans au moment des faits, se sont constituées parties civiles pour le procès devant les assises de Paris. Elles ont été reconnues sur les vidéos filmées par l'accusé. D'autres victimes ont été recensées sans pouvoir être identifiées.
La requalification des faits refusée
Tous ont décrit un mode opératoire semblable : Olivier Larroque les aurait abordés dans les environs d'un lac d'Hanoï où gravitent des enfants vagabonds, les aurait fait venir dans un hôtel ou à son domicile et aurait abusé d'eux devant l'objectif de son appareil photo. Il leur donnait ensuite 100.000 dongs, soit 4 euros au moment des faits.
Pendant l'enquête et aujourd'hui encore, l'accusé a toujours contesté tout acte de contrainte, disant ignorer l'âge de ces adolescents. Il n'a cessé de se décrire comme un client de prostitués, dans un pays où les barrières morales liées aux relations avec les mineurs seraient selon lui abolies.
Olivier Larroque a demandé la requalification des faits de viols en recours à la prostitution de mineurs. En vain. Le juge d'instruction a en effet estimé que l'accusé, en profitant de son statut d'homme riche et occidental, avait bel et bien exercé une contrainte morale sur ces jeunes garçons, en proie à une grande misère.
Des associations de protection de l'enfance se sont aussi constituées parties civiles dans le cadre du procès. L'une d'elle, Agir contre la prostitution des enfants, a déploré «la lourdeur de l'instruction» qui a, selon elle, permis à Olivier Larroque de jouir d'une «impunité pendant tant d'années».
L'ONG End child prostitution and trafficking estime de son côté qu'avec cette affaire au «caractère exceptionnel du fait de la profession de l'accusé et du nombre de victimes», «démonstration est faite que lorsqu'il existe une coopération internationale, on peut déférer devant la justice ceux à qui il est reproché des viols à l'étranger».