Un homme accusé d’avoir tué son père puis découpé son corps pour le faire disparaître, en 2002 à Argenteuil, est jugé depuis ce lundi par la cour d’assises du Val-d’Oise.
Une affaire complexe. La cour d’assises du Val-d’Oise juge depuis ce lundi un homme accusé d’avoir tué et découpé son propre père en morceaux, en 2002 à Argenteuil. Les débats s’annoncent disputés, alors que la défense pointe l’absence de preuves matérielles dans le dossier.
L’accusation repose en grande partie sur le témoignage de la mère du prévenu, survenu quatorze ans après les faits. Alors que son mari, Jean W., âgé de 73 ans, n’était pas revenu de courses en septembre 2002, et que deux procédures de disparition inquiétante avaient été effectuées (l’un des dossiers a été perdu, l’autre détruit, a précisé la défense au Parisien), l’affaire avait été réveillée par le parquet de Pontoise en 2015, juste avant sa prescription.
Dix ans plus tôt, la fille de la victime avait pourtant tenté de relancer l’enquête, en émettant des doutes sur la culpabilité de son frère. A cette époque, la description d’une famille au fonctionnement déviant avait été dressée, entre difficultés financières et violences. Les relations père/fils avaient été dessinées comme conflictuelles par la mère. Le premier souhaitait que le second, s’approchant de la quarantaine, quitte la maison. Il était notamment question de cadenas installés sur les placards et le frigo, pour empêcher qu’il puisse utiliser la nourriture de ses parents. Elle avait également indiqué être battue par son fils.
«C’est mon fils qui a tué mon mari»
Un an après la relance de l’enquête, en 2016, lors d’une audition, la mère de famille, désormais en maison de retraite, avait affirmé : «c’est mon fils qui a tué mon mari». A la suite d’une dispute, il aurait frappé la victime à la tête avec un marteau, puis l’aurait noyée dans une bassine, avait-elle dit. Elle avait aussi décrit la découpe du corps dans la cave. Sous emprise et par crainte de son fils, elle aurait même aidé à mettre les morceaux dans des poubelles, pour les faire disparaître.
Des aveux réitérés à trois reprises, dont une fois face au juge lors d’une confrontation avec le fils. La mère, âgée désormais de 92 ans, devrait d’ailleurs s’exprimer lors du procès.
Pas de preuves matérielles
De son côté, l’accusé, qui encourt la réclusion à perpétuité, a toujours nié. Sa défense pointe que les déclarations de sa mère sont les seuls éléments à charge. Aucune trace du corps n’a été retrouvée dans la maison. Une présence de sang a pu être repérée à l’aide d’un produit, sans rien pouvoir prouver.
Cette absence d’éléments matériels sera au cœur du procès. Elle devrait être martelée par les avocats de l’accusé et regrettée par ceux des parties civiles. «Les investigations ont repris sérieusement douze ans après les faits… Comment obtenir des éléments ?», s’est ainsi désolé le conseil de la fille de la victime.
Le procès doit durer cinq jours.