Trente-cinq ans après avoir retrouvé le corps mutilé de la petite Inass, dans un fossé de l’autoroute A10 (Loir-et-Cher), le parquet a requis le renvoi des parents devant les assises pour meurtre et complicité de meurtre aggravé.
Une triste affaire qui refait surface. Surnommée «la petite martyre de l’A10», le corps inerte d’Inass avait été découvert par deux employés de la société Cofiroute, le 11 août 1987, au bord de l’autoroute à Suèvres. Trente-cinq ans après, les parents de la petite fille sont renvoyés devant les assises, comme l’a fait savoir le parquet.
«Il est requis la mise en accusation devant la cour d’assise de Loir-et-Cher du père et de la mère de la victime décédée», a ainsi confirmé ce vendredi, le procureur de Blois, Frédéric Chevallier.
Il est également demandé qu’Halima El Bakhti, la mère de la petite victime, soit jugée pour «meurtre aggravé sur une mineure de moins de 15 ans». Selon toute vraisemblance, la fillette aurait été le souffre-douleur de sa mère. Le père, Ahmed Touloub, devrait quant à lui comparaître «pour complicité de ce même meurtre aggravé». Les parents encourent «une réclusion criminelle à perpétuité».
Le procureur a précisé que si le juge d’instruction décidait de suivre ces réquisitions, une audience dans le courant de l’année prochaine devrait avoir lieu, «sous réserve de l’exercice des recours possibles».
Un prélèvement ADN
En 2016, le frère d’Inass avait été arrêté dans une simple affaire de violence. Mais le prélèvement de son ADN avait permis aux enquêteurs d’identifier et de retrouver les parents de la petite fille, qui étaient jusqu’alors restés inconnus.
Ainsi, lors d’une comparaison avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), une correspondance avait concordé avec des traces ADN prélevées sur les habits et la couverture dans laquelle été enveloppé le corps de l’enfant, âgée de seulement 4 ans.
Les enquêteurs qui avaient découvert que le couple de sexagénaires et originaires du Maroc avait eu sept enfants, avait également constaté, grâce aux données de la Caisse d’allocations familiales (CAF), qu’un enfant n’était plus recensé.
En juin 2018, le couple avait ainsi été mis en examen pour meurtre, recel de cadavre et violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans. Les parents avaient ensuite été auditionnés à plusieurs reprises durant quatre ans. Durant leur garde à vue, les parents s’étaient accusés mutuellement d’être à l’origine de violences conjugales, sans pour autant reconnaître le meurtre de leur fille.