Sous la menace d'une arme blanche, dans cette petite boutique de bazar-quincaillerie près du marché d'Aligre, le forcené a retenu deux femmes pendant un peu plus de 16 heures. Au fil des négociations et après avoir pu parler avec le préfet de police lui-même, le suspect a libéré sa deuxième otage et a pu être interpellé sans violence.
Par sa durée et par son dénouement, c'est une intervention particulière qu'ont menée les hommes de la BRI, la Brigade de recherche et d'intervention de la préfecture de police de Paris. Quand ils sont dépêchés sur place, l'homme de 56 ans est sous tension. Depuis 15h30, muni d'une arme blanche, il s'est enfermé dans la quincaillerie de la rue d'Aligre, avec une mère et sa fille qui travaillent dans ce commerce familial. Il ne les connaît pas. Il a un message à passer. Il est connu dans le quartier pour ses troubles psychiatriques.
A portée de voix depuis l'extérieur du bâtiment dont il a baissé le rideau de fer, un premier contact a été établi par les primo-intervenants : les effectifs de la Compagnie de sécurisation et d'intervention et la BAC 75 nuit.
La BRI, spécialisée dans la gestion de ce type de crise, prend le relais, avec une équipe de négociateurs : le policier en relation directe avec l'individu, une psychologue, un second négociateur en appui qui peut prendre le relais dans le contact et un troisième homme chargé de «garder la tête froide» et la capacité d'analyse extérieure de la situation.
Des propos incohérents
L'homme n'est pas connu comme un individu violent ou dangereux. Selon nos informations, il se dit victime d'une tentative d'empoisonnement, victime d'une injustice. Ses propos ne sont pas tous cohérents, il demande à parler au ministre de la Justice, mais aussi à l'avocate d'Omar Raddad, parce qu'il l'apprécie.
S'il est impensable dans ce genre de situation d'exposer une personnalité politique, en revanche, il arrive que les négociateurs sollicitent des tierces personnes en fonction de la situation, un membre de la famille ou une connaissance susceptible de dénouer la crise. Les policiers de la BRI ont donc sollicité Maître Noachovitch, l'avocate en question, qui a pu parler au téléphone avec le forcené, mais sans que cela fasse évoluer les choses. Les échanges du négociateur se sont donc poursuivis avec le suspect.
Selon nos informations, il a alors demandé au preneur d'otage de laisser sortir une des femmes. Le suspect a proposé à la plus jeune de quitter la boutique, mais elle a refusé de laisser sa mère derrière elle. C'est finalement la mère qui a pu sortir, peu avant 22h, sans qu'il ne cède sur sa deuxième captive.
Des négociations complexes
«Les négociations ont été complexes car l'individu n'était pas ancré dans la réalité, il était complètement perdu», a expliqué à l'AFP le chef de la BRI Simon Riondet. Une menace imminente pour la jeune femme aurait provoqué l'intervention des forces de la BRI. Mais sans danger immédiat, le temps a pu être mis à profit pour un dénouement différent.
Et la résolution de la situation ne sera finalement pas banale. Selon nos informations, le Préfet de police lui-même a échangé oralement avec le forcené et lui a proposé de sortir devant l'immeuble. Ce qu'il a fait, franchissant la porte avec la dernière otage pour être interpellé sans violence.
Il a depuis été admis à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. L'enquête est ouverte sous l'autorité du Parquet de Paris pour séquestration aggravée, violences volontaires avec arme et port d'arme de catégorie D.