Un sexagénaire est soupçonné d'avoir acheté pour près de 175.000 euros de produits de luxe avec des faux billets de 100 et 500 euros.
Les billets étaient de qualité, et il ne les utilisait jamais dans la même boutique. Mais ce qui a perdu le suspect, c'est que très peu de faux billets fabriqués en Bulgarie sont introduits sur le marché français, la fausse monnaie venant plutôt d'Italie et pas en si grosses coupures. Alors la Banque de France a très vite alerté la police, en décembre dernier, quand elle a vu le nombre de faux billets issus de Bulgarie passer de trois à quatre par mois, à quarante à cinquante, et tous écoulés en Ile-de-France, la plupart du temps dans des boutiques de luxe.
Identifier le suspect a nécessité un travail d'enquête conséquent. L'individu, qui parlait anglais, portait toujours un masque sanitaire, mais les enquêteurs spécialisés de l'Office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM) ont constaté qu'il y avait des similitudes avec un ancien prévenu : un Bulgare de 60 ans interpellé et condamné il y a une dizaine d'années pour des faits similaires. Localisé, pris en filature, les policiers l'ont vu à l'oeuvre et l'ont arrêté à son domicile.
«Il travaillait sur commande principalement»
En garde à vue, le délinquant chevronné, froid et sans affect selon une source proche du dossier, a d'abord prétendu avoir été dupé et s'être fait refiler de faux billets à son insu, avant de reconnaître les faits face aux preuves. «Il fait partie de ceux qu'on appelle les «raiders», des malfaiteurs qui ne restent quelques semaines seulement dans le pays pour écouler la fausse monnaie et repartent ensuite», explique à CNEWS le Commissaire divisionnaire Eric Bertrand, chef de l'ofice spécialisé. «Lui avait déjà sévit en Allemagne et en Autriche. Il travaillait sur commande principalement, passées par des individus en Bulgarie, qui lui demandaient tel vêtement, tel produit de cosmétique ou sac de luxe.»
Un homme à la technique très aboutie. Il arrivait tiré à quatre épingles, et pour tromper le commerçant, il lui tendait d'abord un vrai billet de 500 euros, que le vendeur passait au détecteur, sans encombres évidemment. Puis il feignait d'avoir assez de petites coupures pour faire l'appoint. Sauf qu'il lui manquait toujours quelques dizaines d'euros. Alors il rangeait tout et ressortait un billet de 500 euros, faux cette fois-ci. Comme le vendeur pensait que c'était le même que le précédent, il ne le repassait pas au détecteur. Preuve de sa méticulosité, le suspect avait caché chez lui les faux billets de 100 euros dans une tablette de chocolat parfaitement refermée, à tel point que les enquêteurs ont failli passer à côté en perquisition.
L'individu a été mis en examen pour détention et mise en circulation de monnaie contrefaite et placé en détention provisoire. Il risque 10 ans de prison.