Et s'il suffisait de faire un tour sur Aliexpress pour devenir faux-monnayeur ? Le scénario semble grotesque et pourtant la police s'inquiète sérieusement de la mise en circulation de faux billets de cinéma achetés en ligne et utilisés pour réaliser de véritables achats.
Destinées à servir d'accessoires sur les tournages, ces coupures factices sont acquises «sur des sites chinois», à un prix dérisoire. «Moins de dix euros les 100 exemplaires», précise Alain Bateau, adjoint au chef de l'Office centrale pour la répression du faux-monnayage (OCRFM).
Essentiellement écoulés «dans les petits commerces ou les fast-foods», ces faux billets ont fait leur apparition en Europe vers avril. «Plusieurs milliers» d'entre eux seraient aujourd'hui en circulation.
Pourtant, l'imitation est grossière. La mention «Movie money» apparaît en toutes lettres dans le coin supérieur gauche. Juste là où devrait se trouver la signature de Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne. La phrase «This is not legal. It's to be used for motion props.» («Ce billet n'a pas cours légal. Son utilisation est réservée au cinéma.») figure également dans une marge du billet.
Sans compter que, d'après Alain Bateau, la bande holographique et les filigranes sont de piètre qualité. N'empêche qu'auprès de certains commerçants, ces coupures factices font illusion.
Une centaine d'enquêtes ouvertes
En Europe, la France est particulièrement concernée puisque 42% de la «movie money» du continent y circule. Selon l'agent de l'OCRFM, «une centaine d'enquêtes» ont été ouvertes et des interpellations ont eu lieu après l'interception de colis par les douanes.
Les fabriquants de ces faux-billets risquent un an de prison et 15 000 euros d'amende. Une peine bien inférieure à celle encourue en France par les faux monnayeurs classiques, (30 ans de réclusion criminelle et 450 000 euros d'amende), en raison des mentions «accessoires» figurant sur ces coupures issues du cinéma.