Un homme sage-femme a été condamné vendredi soir à 12 ans de réclusion criminelle par la cour criminelle de l'Hérault pour 11 viols et une agression sexuelle sur des patientes, sous couvert des gestes médicaux.
Il est accusé d'avoir imposé à ses patientes, entre 2013 et 2016, des actes de nature sexuelle, notamment des «massages» du clitoris, du périnée et des seins et des pénétrations digitales du vagin-- sous couvert de gestes médicaux pendant la préparation à l'accouchement ou le suivi post-natal.
L'avocat général avait requis 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale dans ce cas.
«Sous couvert de familiarité, de tutoiement, cet homme a manqué à la parole qu’il devait à ses patientes. Il en a fait des victimes, enfermées dans leur culpabilité. Il n’a pas hésité à profiter des femmes vulnérables, enceintes ou en plein baby blues venues consulter pour ça», avait dénoncé Albert Cantinol. «Vous avez dit 'Je les adorais toutes'. Mais c’est ça le problème, qu’est-ce que vous adoriez monsieur?», s’était énervé le magistrat.
Pour la défense, «Lionel Charvin serait-il jugé s’il avait été une femme ? En tant qu’homme sage-femme, avait-il moins de droits qu’une femme sage-femme ?», s'est interrogé Me Maryse Pechevis, avocat de l'accusé. «Depuis 2001, a-t-elle plaidé, il a eu à gérer les grossesses et les accouchements de 2.500 femmes. Pour lui, le sexuel relève d’un organe, au même titre que la vessie. Il ne voit pas les choses autrement. Son seul objectif a été de vouloir reconstruire ces femmes et leur bien-être», a-t-elle affirmé.
Une personnalité perverse
Plusieurs patientes ont dit avoir été «tétanisées» ou «paralysées» lors des viols et n'avoir rien osé dire dans un premier temps tout en subissant des conséquences psychologiques à long terme.
Toutes ont évoqué une «confiance» trahie alors qu'elles se trouvaient dans une période de grande vulnérabilité.
Un psychiatre a décrit le sage-femme comme étant «un agresseur d'opportunité qui agit par le détournement de la confiance placée en lui». L'expert a qualifié sa personnalité de «perverse».
Le maïeuticien, père de trois enfants, pratiquait l’activité professionnelle de sage-femme doublée d’une spécialité en haptonomie, en libéral dans un cabinet montpelliérain, et en tant que salarié au sein de la clinique St Roch à Montpellier jusqu’en 2016.