L’automatisation de la gestion des déchets radioactifs enfouis sur le site controversé de Bure (Meuse), où l’homme ne pourra pas intervenir en raison des radiations, est validée, a annoncé mercredi 28 février l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Des robots seront donc à l'œuvre.
«On a fait la démonstration que l’homme ne devra pas intervenir», a déclaré Audrey Guillemenet, responsable de la communication à l’organisme public Andra, lors d’une démonstration devant la presse à Montchanin (Saône-et-Loire), où ont été testées les machines.
Une campagne d’essais d’environ un an a permis de «valider», selon l’Andra, le «pont stockeur» qui devra installer les déchets dans les galeries creusées à 500 mètres de profondeur, ainsi que les robots chargés d’inspecter et éventuellement d’intervenir sur les déchets.
Après le Conseil d’État, qui a confirmé le 1er décembre dernier l’utilité publique de ce projet d’enfouissement de 25 milliards d’euros, la validation de l’automatisation représente une nouvelle étape cruciale dans la réalisation du très long projet Cigéo, conçu il y a près de trente ans et qui ne doit pas être mis en service avant 2035, s’il est approuvé.
De nombreuses associations opposées au nucléaire contestent ce projet depuis 20 ans, qui a pour but de stocker 83.000 mètres cubes des déchets les plus radioactifs. Les robots chargés d’installer dans le site les déchets à Haute activité (HA, les plus radioactifs) avaient déjà été validés.
effectuer toutes les opérations sans intervention humaine
Le funiculaire, qui doit faire descendre les déchets dans des galeries creusées sur une couche d’argile suffisamment imperméable, a également été validé. Ne restait plus qu’à confirmer le système d’automatisation de la gestion des déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL).
Ces matières, qui peuvent rester radioactives jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’années, représentent la majorité des déchets qui doivent être stockés à Bure (73.000 m3 sur un total de 83.000 m3). Elles doivent d’abord être installées dans les galeries à l’aide d’un pont stockeur, sorte de long treuil supporté par des poutres d’acier suspendues au plafond, avant d’être régulièrement inspectées par onze robots qui peuvent aussi intervenir en cas de défauts.
Ici, point d'androïdes avec des bras et des jambes mais des systèmes permettant de se déplacer à distance assistés par des caméras. «Ils sondent tout», a expliqué le technicien Adrien Payan, devant les écrans géants recevant les indications envoyées par les robots. «La température, la présence éventuelle d’eau, et même le son, en cas de craquement qui pourrait être l’alerte d’une fissure», a indiqué ce chef de projet chez Bouygues Construction Expertises Nucléaires, un des concepteurs des robots et du pont. «Nous pouvons effectuer toutes nos opérations sans intervention humaine. On s’approche de la réalisation du projet», a assuré Yves Lorillon, ingénieur de l’Andra.