Ce mercredi 2 août 2023, la planète atteint le «Jour du dépassement». Cela signifie que l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut produire en une année. Les 151 jours restants se feront en déficit écologique.
Ce mercredi 2 août n’est pas un jour comme les autres. C’est le «Jour du dépassement», ou «Jour du dépassement de la Terre» (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD). Il correspond à la date de l’année, calculée par l'ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an, afin qu’elle puisse se régénérer par elle-même.
Et pour cause, les activités humaines émettent d’énormes surplus de gaz à effet de serre (CO2) que les forêts et les océans ne peuvent absorber. La surpêche entraîne l’effondrement des ressources vivantes aquatiques car les espèces ne peuvent se reproduire à hauteur de ce que nous pêchons. Et d'autres activités humaines, comme le nombre d’arbres abattus ou encore l'élevage intensif, contribuent également à ce phénomène.
Comment la date est-elle calculée ?
Pour arriver à cette date, Global Footprint Network s’est basée sur un calcul qui répond à la formule suivante : J = B/E x 365. Le jour du dépassement est donc calculé en divisant la biocapacité de la planète (B), en hectares globaux, par l'empreinte écologique de l'humanité (E), en hectares globaux, et en multipliant le tout par le nombre de jours d'une année, soit 365.
En d’autres termes, il s’agit de croiser l’empreinte écologique globale des activités humaines, donc les surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire les ressources consommées, avec la biocapacité de la Terre, qui est la capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par les humains, et notamment la séquestration du CO2. Le résultat est ensuite ramené à une date, plus marquante qu’un pourcentage.
Après cette date, l’humanité puisera donc de manière irréversible dans les réserves «non renouvelables» (à échelle de temps humaine) de la Terre, et accumulera les déchets. Ainsi, pour les 151 jours restants de l’année, l’humanité vivra en déficit écologique. De manière similaire on peut calculer le nombre de planètes Terre qui serait nécessaire pour subvenir à la consommation en ressources renouvelables de l'humanité en une année. En 2019 ce nombre était de 1,7 et des prévisions montrent que le seuil de 2 planètes sera dépassé avant 2050.
Quelles prévisions pour l'avenir ?
Les calculs de l’ONG montrent que le «Jour du dépassement» se situait le 29 décembre en 1970. Depuis, il n’a cessé d’avancer, pour atteindre le 2 août cette année. Toutefois, depuis cinq ans, la tendance s’est stabilisée mais est encore loin de s’inverser. En 2022, ce jour est arrivé le 28 juillet, soit cinq jours plus tôt qu'en 2023. «Il est difficile de discerner dans quelle mesure cela est dû au ralentissement économique ou aux efforts délibérés de décarbonisation», souligne l’ONG dans un communiqué publié le 5 juin 2023.
«Pour atteindre l’objectif fixé par les scientifiques du Giec de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici à 2030, il faudrait déplacer le Jour du dépassement de la Terre de dix-neuf jours par an pendant les sept prochaines années», précise Global Foodprint Network.
Le jour du dépassement d’un pays est le jour où le dépassement de la Terre se produirait si toute la population mondiale consommait comme la population du pays en question. Selon Global Footprint Network, le jour du dépassement français tombe le 5 mai. Autrement dit, il faudrait 2,9 Terre si toute l'humanité vivait comme les Français.