De nombreux incendies aggravés par des vents violents sont en cours en Sibérie orientale. Ils sont qualifiés par les chercheurs de «feux zombies», car ces incendies peuvent couver sous la neige dans certaines régions très froides et renaître au printemps, lors de la remontée des températures. Un phénomène qui s'accentue avec le changement climatique.
C'est notamment le cas dans les forêts boréales arctiques, où certains feux - qui se déclarent au printemps - ont en fait couvé tout l'hiver dans le sol, et ce même malgré la neige.
Ce phénomène bien que rare et très localisé pourrait dans les années à venir devenir plus fréquent, en raison du changement climatique. C'est ce qu'ont expliqué des chercheurs néerlandais et américains dans une étude publiée dans la revue scientifique Nature, le 19 mai 2021.
A l'aide de données satellites, l'équipe a pu retracer dix-sept ans (2002-2018) de feux de forêts dans les régions boréales de l'Alaska et de l'Ouest du Canada et ils ont identifié trois facteurs principaux de ces «feux zombies». A savoir : des étés particulièrement chauds, la survenue d'incendies violents et la pénétration profonde dans le sol, jusqu'à 30 centimètres, de ces feux. Ces sols sont alors en capacité d'entretenir la flamme sous un manteau neigeux. De plus, ils sont généralement composés de tourbe, qui est une matière très riche en carbone, et donc, ils peuvent être un parfait combustible.
Un danger (aussi) pour le climat
Mais ces feux sont un véritable danger car ils peuvent couver plusieurs mois sans jamais s'éteindre. Pour la co-auteure de l'étude, Rebecca Scholten, «ils sont très résistants à l’extinction et dangereux à éteindre, car les cendres surchauffées peuvent exploser lorsque de l’eau est projetée dessus». Toutefois, grâce aux images satellites, «les unités de gestion des incendies pourraient surveiller les bords des anciennes cicatrices de brûlage pour mieux détecter ces feux zombies et les éteindre pendant qu’ils sont encore petits».
Cependant, ces tourbières où naissent ces «feux zombies» ont aujourd'hui un rôle écologique majeur, car elles sont de véritables puits de carbones, capables d'absorber d'importantes quantités de CO2 présentes dans l'atmosphère.
«On estime qu’environ deux atmosphères de carbone sont stockées dans les trois mètres supérieurs du sol organique des régions boréales», explique la chercheuse de l’Université libre d’Amsterdam. Mais, «les feux de tourbières pourraient devenir plus fréquents avec le changement climatique et alors contribuer aux émissions de carbone». Et donc participer de manière considérable à la hausse de la température globale de la Terre.