L'Australie a annoncé mardi 26 octobre viser l'objectif du zéro carbone pour 2050. Mais à quelques jours de la COP26, le gouvernement n'a pas prévu de renforcer ses objectifs à court terme.
«Les Australiens veulent un plan 2050 sur les émissions nettes nulles qui fasse le nécessaire en matière de changement climatique et assure leur avenir dans un monde en mutation», a déclaré le Premier ministre conservateur Scott Morrison.
Peu de détails ont été divulgués sur la façon dont l'Australie, plus gros exportateur mondial de charbon, compte parvenir à cet objectif. Le plan annoncé par Scott Morrison, qui prévoit l'équivalent de 13 milliards d'euros d'investissements, repose largement sur des achats de droits à polluer et des technologies considérées par les experts comme n'ayant pas encore fait leurs preuves.
De plus, le Premier ministre australien a refusé de renforcer significativement les objectifs australiens de réduction des émissions pour 2030, considérés comme cruciaux pour lutter de manière significative contre le changement climatique.
Soutien au gaz et au charbon
L'Australie a déjà accepté de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Mardi, Scott Morrison a affirmé que son pays «atteindra et battra» cet objectif, pronostiquant désormais une réduction de 30 à 35%.
Le chef du gouvernement australien a également réaffirmé son soutien à l'industrie minière et gazière. L'objectif annoncé «n'arrêtera pas notre production de charbon ou de gaz, ni nos exportations», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. «Il ne coûtera aucun emploi ni dans l'agriculture, ni dans les mines, ni dans le gaz», a-t-il assuré.
Considérée comme un retardataire en matière de climat, l'Australie est le plus grand exportateur mondial de charbon, sur lequel repose une grande partie de sa production d'électricité, et a longtemps résisté à l'adoption d'un objectif de neutralité carbone.
«Une belle couleuvre»
Scott Morrison est aujourd'hui contraint de faire des concessions à ses partenaires de la coalition gouvernementale, longtemps dominée par les climato-sceptiques et les intérêts pro-charbon. Confrontée ces dernières années à des sécheresses, des incendies et des inondations à répétition, l'opinion publique australienne a «rendu de moins en moins viable pour la coalition de s'accrocher à sa position de déni» du réchauffement climatique, souligne Mark Kenny, un professeur de l'Institut d'études australiennes à Canberra interrogé par l'Agence France-Presse.
Selon cet expert, les engagements annoncés mardi par l'Australie «sont insignifiants dans la réalité». Et d'ajouter : «Je pense que si le monde prend ça au sérieux, il aura avalé une belle couleuvre».