Coronavirus oblige, la dernière édition du festival de Glastonbury, en Angleterre, remonte à 2019. Pourtant, deux ans après, les anguilles de la rivière Whitelake, qui borde le site, en font encore les frais : l'urine des festivaliers, chargée de diverses drogues, a durablement contaminé leur écosystème.
En 2019, ce festival avait attiré quelque 135.000 personnes pendant cinq jours, rassemblées autour d'une dizaine de scènes pour assister à des concerts. Des chercheurs de l'université galloise de Bangor avaient profité de l'occasion pour prélever des échantillons dans la Whitelake, en amont et en aval du site, avant, pendant et après le festival.
The @BangorSNS scientists have discovered that levels of MDMA and cocaine in the water during the #Glastonbury festival are so high - it could be harming wildlife further downstream, including rare populations of eels.
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Compilés dans un rapport publié au mois de septembre, leurs résultats ont montré qu'après le rassemblement, l'eau contenait suffisamment de drogues pour nuire à la faune aquatique. La concentration en MDMA (ou ectasy) était 104 fois plus élevée en aval qu'en amont, et celle de cocaïne, 40 fois. En cause : l'urine des festivaliers qui, après avoir consommé ces stupéfiants, se soulagent dans la nature plutôt qu'aux toilettes.
Or, selon le Guardian, des recherches antérieures ont montré que les anguilles soumises à ce type de drogues peuvent devenir hyperactives. Elles subissent alors une fonte musculaire, une altération des branchies et des changements hormonaux. Ce, alors même que la rivière Whitelake abrite des anguilles européennes, une espèce protégée.
L'un des chercheurs à l'origine de cette étude, Dan Aberg, explique que «la contamination par des drogues illicites provenant de la miction publique se produit à chaque festival de musique». Le problème à Glastonbury tient à «la proximité immédiate» de la rivière, laissant peu de temps aux drogues libérées par les festivaliers «pour se dégrader dans le sol avant d'entrer dans le fragile écosystème d'eau douce».
Une campagne de sensibilisation manquée
Pour s'assurer que Glastonbury est bien le responsable de ces taux anormaux relevés dans l'eau de la Whitelake, les chercheurs ont en parallèle surveillé une rivière voisine. La Redlake, qui ne traverse pas le site du festival, n'a quant à elle connu «aucun changement significatif dans les niveaux de drogues illicites». Ce qui confirme la culpabilité des festivaliers.
Avant la dernière édition de l'événement, les organisateurs avaient pourtant lancé une campagne de sensibilisation afin d'encourager les fêtards à utiliser les toilettes mises à leur disposition. «Faire pipi sur les terres de Glastonbury provoque une pollution de la nappe phréatique, ce qui peut affecter la faune et les poissons locaux», tweetaient-ils, en juin 2019.
Des recommandations qui, selon toute vraisemblance, n'ont pas été suivies par tous les participants. A l'aune de ces nouveaux résultats, les organisateurs du festival ont indiqué leur envie de travailler avec les chercheurs de l'Université de Balor afin de mieux protéger les cours d'eau. Ces derniers leur ont notamment suggéré d'installer des zones humides appelées roselières et qui, à l'aide de végétation, d'un sol adapté et d'organismes vivants, fournissent un traitement supplémentaire aux eaux usées.