Le niveau de la Garonne et de nombreux cours d'eau dans le sud-ouest de la France est préoccupant et risque de devenir critique en l'absence de pluies prochaines, a-t-on appris samedi auprès de l'agence de l'eau Adour-Garonne.
Treize départements de ce bassin, qui représente un cinquième du territoire national, ont déjà interdit les prélèvements d'eau non prioritaires. Mais de nouvelles restrictions pourraient s'imposer, selon l'agence de l'eau Adour-Garonne, établissement public qui a pour mission de protéger l'eau dans le grand sud-ouest.
La Garonne et une grande partie du bassin sont affectées par un déficit de pluies considérable. Les nappes phréatiques, qui réalimentent la Garonne, principal cours d'eau du bassin, en été et en automne, accusent le coup. Dans certaines stations de mesure, les niveaux sont proches de leur plus bas historique.
"Sur les onze derniers mois, il est tombé moitié moins" d'eau qu'au cours d'"une année normale sur le bassin amont de la Garonne", des Pyrénées jusqu'à la confluence avec le Tarn, a indiqué Mathias Daubas, ingénieur hydrologue à l'agence de l'eau Adour-Garonne.
Le département de la Charente et la majeure partie de celui de la Dordogne subissent un déficit pluviométrique supérieur à 75%.
Les pluies du printemps ont certes apporté un répit. Mais le bassin a connu l'un de ses mois d'août les plus secs depuis 1959. Les agriculteurs ont aussi beaucoup prélevé pour combattre la sécheresse.
Du coup, à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), en amont de Toulouse, "le débit est de 37,5 mètres cubes par seconde contre 50 m3/s habituellement à la même période de l'année", a précisé M. Daubas.
De petits affluents de la Garonne, l'Adour, la Charente, la Dordogne, le Lot et le Tarn, connaissent déjà une situation de crise menaçant la vie aquatique.
Le niveau de la Garonne a, lui, dépassé un premier seuil d'alerte. "En l'absence de précipitations significatives, le débit de la Garonne va probablement franchir le seuil d'alerte renforcée, 35 m3/s, dans les prochains jours", a expliqué M. Daubas.
Sans précipitations prochaines, "les conditions hydrologiques risquent de devenir critiques pour les écosystèmes aquatiques et les usages", a souligné l'agence de l'eau.
Or, Météo France ne prévoit guère que "quelques averses orageuses éparses et faibles attendues sur les Pyrénées. Mais ce n'est pas ce qui va alimenter le bassin de la Garonne", a prévenu Hubert Dreveton, chef prévisionniste, d'autant que "sur l'ensemble du Sud-Ouest, les conditions restent très estivales".
Les Pyrénées sont avec, le Massif central, l'autre château d'eau naturel du bassin.
Pour soutenir le débit de la Garonne, on procède depuis le 19 juillet à des déstockages provenant de réservoirs de barrages exploités par EDF. Ces soutiens d'étiage ont déjà coûté 2,6 millions d'euros et ce sont 70.000 euros qui passent certains jours sous les ponts de Toulouse, a relevé l'agence de l'eau.
Mais, là aussi, il y a lieu d'être vigilant car les stocks s'amenuisent: 40 millions de mètres cubes ont déjà été utilisés sur les 57 disponibles pour la période juillet-octobre. La réalimentation de certains cours d'eau du bassin n'est plus possible car les réservoirs sont vides.
Ainsi, plus de la moitié du bassin est sous le coup de limitations de prélèvements. En Haute-Garonne par exemple, les prélèvements à usage agricole dans le fleuve sont interdits deux jours par semaine.
Ces restrictions n'ont pas été sans susciter des tensions avec les agriculteurs sur le bassin.
"Il est d'ores et déjà nécessaire de réduire sa consommation d'eau", a souligné M. Daubas. Et, si la situation persiste, il faudra prendre des mesures plus vigoureuses, comme une réduction des prélèvements agricoles de 50% et des restrictions de consommation pour l'arrosage des jardins et des terrains, le remplissage des piscines ou le lavage des voitures.