La banque britannique Barclays est poursuivie pour son rôle dans la crise des prêts immobiliers toxiques qui avait déstabilisé le système financier mondial en 2008-2009, a annoncé jeudi le département de la Justice américain.
Le fait qu'une banque soit poursuivie dans cette affaire est assez inhabituel, la plupart d'entre elles ayant accepté des règlements financiers à l'amiable pour éviter précisément des actions en justice. Une plainte a été déposée jeudi devant un tribunal fédéral de New York, a précisé le ministère de la Justice (DoJ).
«Comme indiqué dans la plainte, les employés de Barclays ont de manière répétée de 2005 à 2007 menti sur les caractéristiques des titres adossés à des créances hypothécaires qu'ils ont vendus aux investisseurs dans le monde et qui ont provoqué des milliards de dollars de pertes en raison de ces montages frauduleux», a affirmé le DoJ dans un communiqué.
Deux responsables poursuivis
Deux responsables américains de Barclays, Paul Menefee, qui était responsable du département chargé de ces titres, appelées RMBS, et John Carroll, le trader chargé de les acquérir pour le compte de la banque, sont également poursuivis. «Barclays rejette les affirmations contenues dans la plainte et considère qu'elles sont sans rapport avec les faits. Barclays se défendra vigoureusement contre ces accusations et va chercher à obtenir son classement sans suite à la première occasion», a affirmé la banque dans une réaction publiée sur son site internet.
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Cette enquête de la Justice américaine sur les subprimes est menée depuis plusieurs années et plusieurs autres grandes banques occidentales font l'objet de poursuites dans ce scandale liée à la "titrisation", un système utilisé abondamment par les grandes banques à l'époque pour convertir des portefeuilles de prêts en titres financiers qu'elles cédaient ensuite sur les marchés.
Des accords déjà signés
Cet échafaudage a été jugé responsable de la crise financière qui a suivi. L'allemande Deutsche Bank s'apprêterait ainsi à conclure un accord pour quelque 5,4 milliards de dollars et, outre Barclays, les banques suisses UBS et Credit Suisse pourraient également faire l'objet de poursuites si elles ne parvenaient pas à un accord à l'amiable avec les autorités américaines.
Trois grandes banques américaines, JPMorgan Chase, Citigroup et Morgan Stanley, ont déjà accepté de payer un montant cumulé de 23 milliards de dollars pour solder des poursuites liées à ces prêts hypothécaires résidentiels, et Bank of America s'est vu infliger une amende record de 16,65 milliards de dollars à l'été 2014.