Présent dans toutes les cuisines du monde, Heinz Tomato Ketchup est devenu un incontournable de nos repas. Comment une sauce tomate, créée en 1876, a réussi à conquérir toutes les assiettes des cinq continents ?
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Avant l’invention du ketchup par Henry John Heinz à la fin du 19ème siècle, de nombreuses sauces garnissaient les mets des gourmands. Les Français avaient l’habitude d’ajouter de la moutarde ou de la mayonnaise aux frites fraîchement inventées.
À l’origine, une sauce chinoise
La première sauce qui pourrait ressembler à l’inimitable ketchup viendrait de Chine, et serait faite à base de poissons macérés dans du vinaigre. Le nom ketchup proviendrait donc du mot chinois «Kê Tsiap» qui signifie «la saumure de poisson conservée». Son usage se répand peu à peu en Asie et c’est en Malaisie que les marins britanniques découvrent la première fois la sauce sous le nom de «kechap». Arrivée en Grande-Bretagne, et agrémentée de tomates, la mixture se développe dans tout le Commonwealth jusqu’aux lointaines colonies d’Amérique.
Des débuts difficiles
Quelques décennies plus tard, à Pittsburgh, au nord-est des Etats-Unis, le fils d’un Américain de la «lower class», fabricant de briques, et d’une immigrée allemande, met au point des produits alimentaires conditionnés dans des bocaux de verre. Avec son associé, L. Clarence Noble, Henri John Heinz crée la société Heinz & Noble en 1869, un petit commerce qui permet d’écouler le surplus de leurs récoltes.
Leur premier produit est du raifort vendu en bocal. En présentant son produit dans une bouteille transparente, il met en avant la pureté du raifort, préparé d’après la recette de la mère de Henry. La demande est immédiate de la part des ménagères soulagées de ne pas avoir à râper la racine de cette plante.
Après une surproduction de plantes au cours de l’année 1875, les ventes plongent et la société est en situation de faillite. Abandonné par ses amis et partenaires, Henri John Heinz ne perd pas courage. Avec son frère et un neveu, ils reprennent seuls le flambeau et épongent les dettes. En 1876, le jeune entrepreneur propose pour la première fois une sauce tomate conditionnée. Il vient d’inventer le Tomato Ketchup. Vingt années plus tard, la petite entreprise située le long de l’Allegheny River, au nord de Pittsburgh, est plus que rentable et a fait de son fondateur un millionnaire.
Vidéo : publicité pour Heinz de 1985
Un secret bien gardé
Visionnaire et habile communicant, Henri John Heinz sait qu’il va séduire les femmes au foyer avec un produit déjà préparé et prêt à l’emploi. La sauce Ketchup aura pour slogan: «Une bénédiction pour les mamans et toutes les femmes de la maison ». Déjà populaire, la sauce tomate exigeait une longue préparation. Il fallait d’abord peler les tomates et ne pas arrêter de tourner la sauce durant tout le temps de la cuisson.
Le nouveau ketchup en pot va apporter dans les foyers américains, en plus du confort et de la rapidité d’utilisation, un petit goût si particulier. Un goût qui a fait le succès de Heinz. La firme de Pittsburgh protège encore la recette du ketchup comme un secret d’Etat. Une certitude : la sauce est faite à partir de tomates cuites, de vinaigre, de sucre ou de sirop de maïs, de sel, d’oignons, d’ail et d’un mélange spécial d’épices. Avec un chiffre d’affaires supérieur à 11 milliards de dollars, la recette secrète, universellement reconnue, a fait la fortune du groupe.
Vidéo : publicité Heinz de 1987 avec Matt LeBlanc de Friends
Un goût différent selon les pays
Chaque année, 650 millions de bouteilles de ketchup Heinz sont consommées dans 140 pays et il se vent 21 bouteilles de Ketchup Heinz dans le monde chaque seconde. En adaptant la sauce mythique aux habitudes alimentaires des consommateurs et en diversifiant ses produits, l’épicier américain s’est assuré les meilleures ventes mondiales.
La base de la recette reste la même, seul l’arrière-goût évolue en fonction des pays : les consommateurs au Royaume-Uni, au Canada, au Venezuela et en Australie apprécient un goût plus sucré. En Europe continentale, il est plus épicé. Ces différences se retrouvent dans le mode de consommation : les Américains mangent principalement le ketchup avec les hamburgers, les hot-dogs et les frites. Au Royaume-Uni, la sauce agrémente le populaire «fish and chips», le poulet rôti en Chine. Les Espagnols comme les Indiens l’aiment avec l’omelette ou d’autres préparations à base d’œufs, et les Suédois la versent surtout sur les pâtes. En Thaïlande, les chips sont plongées dans la sauce rouge et l’Asie le consomme avec le poisson, et plus particulièrement avec des crevettes cuites.
L’importance de l’image
Dès 1926, le logo en forme de clé de voûte est déposé comme marque. Il couronne la célèbre marque et le mystérieux «57 varieties» présents depuis 1896. L’histoire rapporte que le fondateur H. J. Heinz, après avoir été interpellé par une annonce pour des chaussures avec «21 modèles» a été incité à compter ses produits. Même si le total dépasse largement 57, il avait l’impression que ce nombre était différenciateur. Jusqu’à ce jour, personne ne sait pourquoi l’homme tenait à ce point au nombre cinquante- sept.
Vidéo : La campagne publicitaire du Ketchup Heinz est décrite dans la série américaine Mad Men
La bouteille en verre fait partie intégrante de l’histoire du produit. Pendant des décennies, elle n’évoluera pas. Et taper le cul de la bouteille pour faire sortir la sauce ketchup est devenu un rituel. Depuis la marque s’est adaptée et propose dès 1983 des bouteilles en plastique. Il aura fallu 15 années d’études pour trouver la bouteille qui conserve le goût, qui fasse authentique et respecte les normes du consommateur à un prix abordable.
En 2003, Heinz innove en proposant la bouteille «Top Down», spécialement conçue pour garder la tête en bas et un bouchon propre. Un millier de combinaisons de formes de bouteille ont été nécessaires pour trouver la meilleure formule de bouteille à presser. Encore une fois, la firme s’est souvenue de la devise du fondateur H. J. Heinz : « Faire des choses ordinaires, exceptionnellement bien, apporte le succès ».
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