Jack Ma, président et cofondateur du géant du commerce en ligne Alibaba, va tirer sa révérence. A 54 ans, il doit annoncer lundi les détails de sa succession. A la manière de Bill Gates, l’ancien professeur d’Anglais devenu l’homme le plus riche de Chine entend se consacrer exclusivement à des projets philanthropiques. Retour sur son ascension fulgurante.
Parti de rien, Jack Ma est parvenu en à peine vingt ans à faire de sa société l’une des entreprises les plus florissantes du monde. Fils d’un photographe et d’une ouvrière, le jeune Jack, natif de Hangzhou, développe assez rapidement une aptitude pour la langue de Shakespeare. S’improvisant alors guide touristique, il devient quelques années plus tard professeur d’Anglais. Véritable entrepreneur dans l’âme, il fonde Hope, une agence d’interprètes. C’est un échec.
Mais ce n’est pas suffisant pour décourager l’homme d’affaire chinois qui, après un voyage aux États-Unis, décide de se lancer dans le numérique. On est alors en 1995 et Jack Ma crée l’une des premières page web de Chine en mettant sur pied un annuaire en ligne d’entreprises chinoises, China Pages. Le site internet ne décollera pas.
Une entrée fracassante à wall street en 2014
Quatre ans plus tard, il fonde Alibaba en empruntant 60.000 dollars à des amis. Le site internet permet alors aux entreprises chinoises de poster gratuitement des annonces en ligne. Voyant le potentiel de ce nouveau projet, plusieurs banques décident de soutenir l’entrepreneur chinois. La success story est lancée.
En 2014, soit quinze ans seulement après la création de l’entreprise, le groupe fait une entrée fracassante à Wall Street. Jack Ma voit «son bébé» devenir la plus grosse entrée en bourse jamais réalisée levant pas moins de 25 milliards de dollars. Le self made-man se voit ainsi propulser parmi les plus grosses fortunes du monde, devenant rapidement l’homme le plus riche de Chine. Avec 36,5 milliards de dollars il est aujourd’hui, selon Bloomberg, la 19e fortune mondiale.
85 000 employés et 40 milliards de chiffre d’affaires
Dix neuf ans après sa fondation, Alibaba s’est diversifié. Commerce en ligne, cloud, cinéma, finance, paiement électronique … le groupe chinois concurrence aujourd’hui dans beaucoup de secteurs des géants américains comme Amazon, Ebay ou Google. Ces colosses du web ne font pas le poids face à Alibaba dans l’empire du milieu ou la société fondée par Jack Ma accapare 80% du commerce en ligne. Avec 85.000 employés et 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, le groupe pèse 420 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Aujourd’hui, le milliardaire chinois veut se consacrer à des activités philanthropiques. A la manière de Bill Gates, retiré des affaires depuis plusieurs années et devenu l’un des plus gros donateurs pour des œuvres de charités. «Je peux beaucoup apprendre de lui. Je ne pourrai jamais être aussi riche mais je peux prendre ma retraite plus tôt. Bientôt, je retournerai à l’enseignement», avait lancé Jack Ma dans un entretien à Bloomberg TV cet été.
« Le début d’une nouvelle ère »
Via sa fondation éponyme fondée en 2014, l’entrepreneur entend désormais mettre l’accent sur l’éducation des enfants dans les campagnes chinoises. «Le début d’une nouvelle ère», estime-t-il dans des propos rapportés par le New York Times. Même si la rumeur courait depuis plusieurs mois, l’annonce de sa retraite a fait l’effet d’une petite bombe dans les milieux d’affaires.
Si les détails de sa succession devraient être dévoilés lundi, Jack Ma pourrait cependant rester impliqué dans son entreprise pendant encore quelque temps. «Il restera le PDG du groupe et participera à la transition sur une période de temps significative», explique le South China Morning Post, un quotidien hong-kongais propriété du milliardaire. Ces informations viennent ainsi démentir les déclarations du New York Times qui annonçait que le milliardaire voulait se retirer d’Alibaba dès lundi. Jack Ma y fêtera alors son 54ème anniversaire.