Air France a défendu mercredi ses bases de province, reconnaissant toutefois n'avoir pas encore atteint la rentabilité prévue, mais la compagnie aérienne assure ne pas renoncer à cette innovation et au contraire réajuste constamment son modèle.
Air France a vivement réagi à des informations du Figaro rapportant les propos d'un cadre non identifié de la compagnie, sur ces bases qui ne seraient "clairement pas une réussite économique". Selon cette source, Air France prépare "dans la plus grande discrétion" leur disparition. Une annonce pourrait intervenir en septembre, ajoute-t-elle.
Un porte-parole de la compagnie a qualifié ces informations de "fantaisistes", précisdant que la fermeture "n'est nullement à l'ordre du jour".
En difficultés face à la concurrence des compagnies low-cost, Air France a inauguré à l'automne 2011 à Marseille sa première "base de province". Le concept: baser sur place avions et personnels jusque-là concentrés à Paris pour desservir d'autres villes de province, l'étranger proche et aussi les liaisons sur Roissy-Charles-de-Gaulle.
Très vite, le nouveau PDG de la compagnie, Alexandre de Juniac, se félicite de "l'esprit de PME" qui s'est développé à Marseille, à l'opposé du fonctionnement plus lourd et un peu déshumanisé des aéroports de Paris. Comme prévu, les avions effectuent des rotations plus rapides, les équipes travaillent plus longtemps, les coûts baissent.
Deux nouvelles bases, Toulouse et Nice, ont été ouvertes au printemps 2012, ce qui a permis à la compagnie de transporter sur l'ensemble de l'année un million de passagers supplémentaires par rapport à 2011 sur ses trois bases.
Ce travail s'est révélé "être un succès opérationnel, dont les clients témoignent une véritable satisfaction", a assuré un porte parole d'Air France. Ce succès a d'ailleurs largement inspiré le plan de redressement de la compagnie baptisé Transform 2015 qui vise notamment à répondre mieux et plus vite aux attentes des clients, a-t-il souligné.
Mais "sur le plan purement économique, les recettes des premiers mois ont été en retard par rapport aux objectifs", a-t-il reconnu. Air France avait prévu de générer un chiffre d'affaires de 950 millions d'euros à la fin 2012, le but n'a pas été atteint.
Mais l'entreprise s'adapte pour redresser la trajectoire. "Nous prévoyons d'être en ligne avec le +business plan+, en ayant totalement absorbé l'augmentation du prix du pétrole" au printemps 2013, assure la compagnie.
Air France droit dresser un bilan en septembre et de "dégager les perspectives du dispositif". A en croire le Figaro, le bilan serait déjà fait et la direction se préparerait à fermer les bases de province.
Pour Christian Magne, qui représente les actionnaires salariés au conseil d'administration, parler de fermeture est "absolument excessif" à ce stade de la réflexion "même si on peut imaginer quand le point sera fait qu'il puisse conduire à la fermeture d'une base, de deux ou de trois". "Mais à ce stade ce n'est absolument pas une décision dont on pourrait dire qu'elle est dans le tuyau", insiste-t-il.
Selon l'administrateur, les nouvelles lignes créés au départ des bases de province ont attiré moins de passagers que ce qui avait été estimé. "La recette moyenne par passager (...) est un peu inférieure à ce qui était estimé", dit-il. D'où les réajustements, notamment des fermetures de lignes, des modifications de fréquences, et des modifications de tarifs. "On a appris à découvrir ces lignes nouvelles", poursuit M. Magne.
Air France a dû aussi réagir à la contre-offensive des compagnies low-cost implantées en province --Easyjet, Ryanair, Vueling-- et réajuster ses lignes et ses fréquences.
"Nous pilotons l'activité du projet Bases en fonction du résultat", dit-elle.