Le film documentaire «L'État du Texas contre Melissa» dévoile l’enquête de la journaliste et documentaliste, Sabrina Van Tassel, sur l’histoire de Melissa Lucio, la première femme hispano-américaine condamnée à mort au Texas.
En 2008, cette mère de famille est accusée d’avoir maltraité, et tué, sa fille de 2 ans. Elle a 14 enfants. Elle se drogue. Elle vit des aides sociales. Sa condamnation à mort est prononcée au terme d’un procès expéditif. Et aucun média ne s’émeut à l'époque de son sort.
Depuis, cette affaire a bénéficié d'une vague de mobilisation dans le monde, de Kim Kardashian à Christiane Taubira. Jusqu'à un ultime rebondissement, le 25 avril dernier. Deux jours avant son exécution, Melissa Lucio a vu sa peine suspendue par une cour d'appel texane, aboutissement de nombreux revirements de la part de jurés, personnalités politiques texanes et associations.
La réalisatrice Sabrina Van Tassel, qui réalise un reportage sur les femmes dans le couloir de la mort, avoue ne pas avoir été attirée au départ par l’histoire de Melissa Lucio. Mais quand elle commence à se plonger dans les détails de l’affaire, elle comprend que cette femme est prise au piège d’un système judiciaire profondément injuste.
Une longue suite d'aveuglements
«Dans ses yeux, j’ai vu toute l’injustice du système judiciaire américain qui condamne les plus faibles pour s’en débarrasser. Là où tous ne voyaient en elle qu’une criminelle, j’ai vu une femme sacrifiée. Après une courte enquête, il paraissait clair que son histoire regorgeait de zones d’ombres jamais explorées», explique la cinéaste dans une note d’intention.
Le documentaire «L'État du Texas contre Melissa», disponible sur myCANAL depuis le début du mois d'avril, commence par les aveux de Melissa lors de son interrogatoire (controversé) avec la police. Puis déroule le fil d’un récit dont il est impossible de détacher les yeux. Médecins légistes, enquêteurs, avocats, services sociaux, membres de la famille, et surtout Melissa Lucio elle-même, témoignent dans ce film qui porte un regard sans concession sur le système judiciaire américain, et la manière dont il est capable de broyer des vies.
«Il ne fait quasiment aucun doute que si Melissa avait été défendue comme elle aurait dû l’être, elle ne serait pas dans le couloir de la mort. Elle serait peut-être en prison. Peut-être pas», souligne Sabrina Van Tassel.