Diffusé ce lundi 22 novembre à 21h05, le téléfilm «Service volé» revient sur la terrible histoire d’Isabelle Demongeot, ancienne championne de tennis violée par son entraîneur.
En 2007, la sportive avait publié « Service volé », un livre autobiographique dans lequel elle dénonçait les viols dont elle avait été victime de la part de Régis de Camaret. L’homme, qui exerçait une forte emprise psychologique, avait abusé d’elle dès ses 13 ans. Un calvaire qui durera neuf années. Persuadée qu’elle ne réussirait pas à être performante si elle cessait de s’entraîner avec lui, mais aussi qu’elle détruirait le rêve de ses parents de la voir réussir dans le tennis, elle s’était tue pendant plus de vingt-cinq ans, jusqu’en 2005 où, atteinte de douleurs physiques chroniques liées au traumatisme des viols qu’elle avait subis, elle avait décidé de porter plainte.
Elle était alors devenue l’une des premières - après la lanceuse de marteau Catherine Moyon de Baecque - à évoquer les violences sexuelles dans le sport. Les faits qu’elle avait rapportés étaient malheureusement prescrits, mais Isabelle Demongeot en était sûre : elle n’était pas la seule victime. Après de longues recherches, vingt-quatre autres jeunes femmes, violées elles aussi par Régis de Camaret, avaient décidé de se rallier à son combat. Une longue et pénible procédure judiciaire qui durera 9 ans.
A la barre en tant que témoin, Isabelle Demongeot décrira des viols « monstrueux » dans des « endroits sordides », « des cagibis », dans « la voiture sur des aires d'autoroutes »... Elle évoquera son « angoisse » et l’« emprise totale » de celui qui lui faisait du « chantage », menaçant de « ne plus l'entraîner ».
Régis de Camaret sera finalement condamné à dix ans de prison en 2014, après avoir fait appel, pour les viols de deux pensionnaires mineures de son club de Saint-Tropez.
Un téléfilm nécessaire
« J'avais besoin que quelqu'un s'empare de mon histoire pour pouvoir enfin prendre de la distance, pour m'en détacher émotionnellement », explique à Télé Star Isabelle Demongeot, au sujet du téléfilm réalisé par Jérôme Foulon d’après son histoire, et qui sera diffusé ce 22 novembre sur TF1.
« J’ai été associée à l’écriture , explique-t-elle pour Télé-Loisirs. Jérôme Foulon avait lu mon livre. On a parlé de tout ce qu'il s'est passé après, des rapports avec ma famille. Il n’a rien oublié. Il a fait un beau travail là-dessus. J’ai deux frères et une sœur mais s’il y en n'a qu’un de décrit c’est parce que l’autre n’a pas été présent pendant toutes ces années. Et aujourd’hui, encore une fois, il ne me parle plus car le film sort... Il y a des moments dans le téléfilm qui n’ont pas réellement existé mais le fait qu’ils y soient me font du bien. Comme par exemple, quand mon père me dit qu’il est fier que j’aie porté plainte. Mon père a pleuré tous les jours derrière, s'est excusé tous les jours et aujourd'hui il est au ciel. Jérôme a très bien retranscrit tout ça ».
Pour la préparer au mieux à son personnage, Isabelle Demongeot a reçue chez elle l’actrice Julie de Bona (Le Bazar de la Charité), qui l’interprète à l’écran. L’ancien entraineur accusé de viols, est quant à lui campé par Laurent Lucas (Les Revenants, Le bureau des Légendes), tandis que le gendarme en charge de l’enquête est joué par Samuel Labarthe.
Le téléfilm montre combien Isabelle Demongeot et les autres victimes ont dû batailler de toutes leurs forces pour tenter de se faire entendre. Leur adolescence détruite, leur long combat judiciaire a en outre été jalonné d’autres violences : à celles de parler, de devoir faire face à son bourreau, s'est notamment ajoutée celle, atroce, d’être mises en doute.
« Isabelle Demongeot m’a expliqué que les neuf ans de bataille judiciaire, le fait de devoir le dire à sa famille ou que l’on ait douté d’elle ont été presque plus violents que les années où elle a été abusée. J’ai pris la claque de ma vie…», confie l’actrice Julie De Bona.
La difficulté de prendre la parole
«Service volé», qui entend montrer combien il est difficile pour les victimes d’être entendues et de se reconstruire s’avère tristement d’utilité publique à l’heure où 533 cas de de violences sexuelles sont en cours de traitement par le ministère des Sports. Tandis que certaines sportives ont depuis elles aussi pris la parole, à l’instar de la patineuse artistique Sarah Abitbol, qui a raconté sa douloureuse histoire dans le livre Un si long silence (Plon), d’autres sont encore prisonnières du silence.
La phrase « Pourquoi n’as-tu pas parlé ? » m’a énormément choquée, confie Julie de Bona à tvmag.lefigaro.fr. «Je crois que c’est pour ces quelques mots que j’ai eu envie de faire le film, je trouve qu’ils sont d’une violence extrême pour les victimes et qu’ils ne devraient plus exister ».
«Il est intéressant que cette histoire soit adaptée pour la télévision parce que cela permettra peut-être de toucher davantage le cœur des foyers », espère la comédienne. De son côté, Isabelle Demongeot, qui regrette que rien ne soit fait actuellement, ni psychologiquement ni financièrement, pour soutenir le parcours du combattant que représente un dépôt de plainte des victimes de viols, n’abandonne pas le combat et continue d'apporter son soutien à celles qui, comme elle, ont été abusées : «J’ai envie d’aider les autres… Ce film est un hommage à toutes les victimes», déclare-t-elle.