Comme en 2010 et 2014, Jean-Luc Godard a décidé de ne pas se rendre au Festival de Cannes alors que son film «Le Livre d'image» est en lice pour la Palme d'or. Il a tout de même accordé une conférence de presse surréaliste aux journalistes ce samedi.
Le cinéaste de 87 ans, resté chez lui à Rolle (Suisse), a choisi de faire face à la presse via Facetime pendant près de quarante-cinq minutes. Les journalistes du monde entier, amusés et rangés en file indienne, ont dû poser leurs questions devant un smartphone tenu à bout de bras par l'un des organisateurs.
Extraordinaire moment avec Jean-Luc Godard et les journalistes. Conférence de presse en FaceTime! pic.twitter.com/bJERjhFiCY
— Festival de Cannes (@Festival_Cannes) 12 mai 2018
Il a évoqué son film, qu'il présente comme une réflexion sur le monde arabe et la guerre. Cigare au coin des lèvres, Jean-Luc Godard s'est exprimé sur son avenir au cinéma. «Ça ne dépend pas vraiment de moi, ça dépend de mes jambes, beaucoup de mes mains, et un peu de mes yeux.» Le cinéaste de la Nouvelle vague est aussi revenu sur Mai 68, dont on fête les 50 ans.
«Voilà ce dont je me souviens de 68»
Pendant les événements de 68, solidaire du mouvement étudiant et ouvrier, il avait fait interrompre, notamment avec François Truffaut et Alain Resnais, la projection de «Peppermint» de Carlos Saura, lui-même solidaire, et avait obtenu ensuite l'arrêt du Festival de Cannes. Samedi, lors de la conférence de presse, le réalisateur a évoqué «l'ombre de jeunes gens et de gens plus âgés qui étaient à la mort de Pierre Overney», militant ouvrier maoïste tué en 1972 par un vigile de Renault.
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— AFP Cannes (@AFPCannes) 12 mai 2018
«Voilà ce dont je me souviens de 68», a-t-il ajouté, citant aussi Gilles Tautin, lycéen maoïste mort noyé dans la Seine en juin 1968 en tentant d'échapper à une charge de gendarmes mobiles, ainsi que les «zadistes», qui s'étaient mobilisés pour protester contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.