Partenaires au cinéma comme dans la vie, les acteurs espagnols Javier Bardem et Penélope Cruz, qui forment depuis plus de dix ans un couple solaire, ouvriront mardi le festival de Cannes, main dans la main avec le film «Everybody Knows».
Javier Bardem, 49 ans, et Penélope Cruz, 44 ans, partagent l'affiche de ce film en compétition pour la Palme d'or que le cinéaste iranien Ashgar Fahradi a réalisé dans leur Espagne natale - et en langue espagnole.
Les voilà donc de retour à Cannes où, il y a huit ans, Javier avait fait une mémorable déclaration d'amour à «Pe», en recevant le prix d'interprétation masculine, pour le drame «Biutiful» d'Alejandro González Iñárritu.
«Je partage cette joie avec mon amie, ma compagne, mon amour, Penélope (...) Je te dois beaucoup et je t'aime beaucoup», avait-il lancé à la jeune femme émue qui lui adressait des baisers depuis le parterre.
Au festival de Cannes 2006, l'égérie de Pedro Almodovar avait elle-même remporté le prix de la «Meilleure actrice», partagé avec cinq autres stars féminines du drame almodovarien «Volver».
A l'été 2010, Bardem et Cruz, qui ont tourné ensemble dans neuf films, se sont mariés sur une île des Bahamas appartenant à leur ami américain Johnny Depp.
Comme lui, ils ont chacun leur étoile à Hollywood Boulevard, dans cette ville de Los Angeles où est né leur premier enfant.
Ils y furent les premiers acteurs espagnols à remporter un Oscar: lui en 2008 pour son second rôle (de tueur) dans «No Country for Old Men» des frères Coen; elle, en 2009, pour «Vicky Cristina Barcelona» de Woody Allen.
Mais aujourd'hui c'est dans une banlieue protégée de Madrid qu'ils vivent, discrètement, soucieux de ne pas exposer leur fils de sept ans et leur fille de quatre.
Cette année, ils ont présenté ensemble le biopic «Escobar» («Loving Pablo»), réalisé par leur compatriote Fernando León de Aranoa. Javier, considérablement enlaidi, y incarne le trafiquant de cocaïne qui plongea la Colombie dans le chaos et Pénelope la journaliste amoureuse du monstre.
Après une scène de tournage rude, elle «m'a dit qu'elle ne voulait plus me voir» et m'a lancé: «enlève cette moustache, rase-toi et va dormir au salon», plaisantait Javier en mars, dans une émission de télévision espagnole.
Retrouvailles à Barcelone
Javier est né en 1969 dans l'archipel des Canaries. Sa mère, l'actrice Pilar Bardem, l'a élevé après la séparation avec son père. C'est à cette femme forte dont il porte le nom, et à sa lignée maternelle de comédiens, qu'il dédia son Oscar.
Penélope a vu le jour en 1974 dans une famille modeste de la banlieue de Madrid. Son père était commerçant et sa mère tenait un salon de coiffure où elle dit avoir appris à observer les comportements captivants des clientes.
Tous deux aiment à rappeler qu'ils doivent tout au défunt réalisateur espagnol Bigas Luna qui, en 1991, les réunit pour la première fois sur le tournage du très chaud «Jambon, Jambon».
Penélope débutait au cinéma à 17 ans, tandis que Javier assumait, à 22 ans, un nouveau rôle de playboy «caliente».
Le film leur valut de partager, debout contre un flipper, une des scènes les plus torrides de la cinématographie espagnole.
Ils se sont croisés ensuite sur différents plateaux de tournage.
Mais ils ne se sont réellement retrouvés qu'en 2007 pour tourner la comédie «Vicky Cristina Barcelona», dans la ville de Barcelone qu'ils affectionnent.
Si Cruz évite généralement d'évoquer son mari dans les interviews, lui a vanté l'intensité de son tempérament, dans un entretien accordé l'an dernier à la revue GQ. Elle «ressent de la passion pour tout, disait-il, c'est ce qui me paraît attirant chez elle».
Militants «de gauche» assumés, tous deux avaient essuyé des critiques acerbes à Hollywood en 2014 pour avoir très fermement condamné les bombardements israéliens sur Gaza.
Cette année, ils ont notamment participé à une campagne en défense d'une ONG espagnole se consacrant au sauvetage en mer des migrants.