Les actrices Kristen Stewart et Léa Seydoux, la réalisatrice Ava DuVernay... C'est un jury majoritairement féminin qui choisira la prochaine Palme d'or, lors du premier Festival de Cannes depuis les révélations sur le harcèlement dans le 7e art et le séisme de l'affaire Weinstein.
«Face à une compétition au profil renouvelé, qui présente des cinéastes qui y viennent pour la première fois, le jury de la prochaine édition du Festival de Cannes convie (...) 5 femmes, 4 hommes, 7 nationalités et 5 continents», indique mercredi le Festival dans un communiqué.
Au sein du jury, l'actrice américaine Kristen Stewart («Sils Maria") et la Française Léa Seydoux («La vie d'Adèle») côtoieront le réalisateur canadien Denis Villeneuve («Blade Runner 2049»), le Français Robert Guédiguian («La villa») et l'Américaine Ava DuVernay («Selma»), ainsi que l'acteur chinois Chang Chen, la chanteuse burundaise Khadja Nin et le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev, Prix du jury à Cannes l'an dernier pour «Faute d'amour».
L'actrice Cate Blanchett présidera les débats, succédant au cinéaste espagnol Pedro Almodovar qui avait récompensé le film suédois «The Square».
Cate Blanchett à l'honneur
L'Australienne, connue pour son exigence à l'écran et son élégance sur tapis rouge, sera la douzième femme à occuper cette fonction, quatre ans après la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, seule femme à avoir remporté une Palme d'or («La leçon de piano»).
Âgée de 48 ans, l'actrice oscarisée a aussi été une des premières célébrités à prendre ouvertement position contre le producteur Harvey Weinstein, accusé depuis octobre dernier d'agression et de viol par plus d'une centaine de femmes, principalement des comédiennes notamment Léa Seydoux.
Face à la tempête Weinstein, «le monde ne sera plus le même, le festival de Cannes ne sera sans doute plus jamais le même», avait déclaré Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, en annonçant la sélection la semaine dernière. Il avait promis la présence d'organisations venant en aide aux femmes à Cannes.
«Il faut faire une différence entre les femmes cinéastes et (un mouvement comme) Time's up (contre les violences sexuelles, ndlr). La question des quotas évoquée par des femmes cinéastes ne concerne pas les sélections artistiques», avait-il cependant souligné, refusant toute discrimination positive.
La compétition officielle compte trois réalisatrices pour quinze hommes : la Française Eva Husson, l'Italienne Alice Rohrwacher et la Libanaise Nadine Labaki, moins qu'en 2011 où quatre femmes étaient en lice pour la Palme d'or.
Lars von Trier ?
Après la sélection officielle la semaine dernière, la Semaine de la critique lundi, la Quinzaine des réalisateurs mardi, l'annonce du jury était la dernière étape pour lever le rideau du 71e Festival de Cannes qui ouvre ses portes le 8 mai sur la Croisette.
Un ou plusieurs films pourraient encore rejoindre la sélection officielle, comme «The house that Jack built» de Lars von Trier avec Uma Thurman et Matt Dillon, a laissé entendre Thierry Frémaux.
Le président du festival «Pierre Lescure a beaucoup œuvré depuis quelques jours pour lever le statut de persona non grata» du Danois. En 2011, Lars von Trier avait fait scandale à Cannes en déclarant «comprendre Hitler». Il avait ensuite présenté ses excuses.
Selon la presse spécialisée, «High Life», le film de Claire Denis, avec Robert Pattinson, pourrait aussi compléter cette liste. Le Festival de Cannes essaie aussi de faire venir le géant américain Netflix, qui refuse de venir depuis que ses films ne sont plus éligibles à la compétition.
Le palmarès du jury sera dévoilé le samedi 19 mai. Des vétérans comme le Franco-Suisse Jean-Luc Godard et l'Américain Spike Lee, mais aussi des cinéastes sous surveillance dans leur pays l'Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov seront en compétition.