Cette année, et pour la toute première fois, un film kényan a été sélectionné pour le festival de Cannes. Mais ce vendredi 27 avril, il a été censuré par les autorités de son pays d'origine, qui voient dans cette oeuvre une «promotion du lesbianisme».
«Rafiki» (qui signifie «ami» en kiswahili), réalisé par Wanuri Kahiu, a été sélectionné dans la catégorie «Un certain regard». C'est l'adaptation d'un roman de l'Ougandaise Monica Arac de Nyeko, qui raconte un coup de foudre entre deux jeunes femmes de Nairobi (capitale du Kenya) appartenant à deux clans politiques opposés.
Un sujet tabou dans ce pays d'Afrique de l'Est, où les relations entre personnes du même sexe sont punies de peines de prison, pouvant aller jusqu'à quatorze ans. Le comité kényan de classification du cinéma (KFCB) a ainsi décidé de bannir ce film, arguant que «[s]a morale [...] serait de légitimer le lesbianisme au Kenya».
«Le KFBC a banni le film «Rafiki» en raison de son thème, l'homosexualité, et son but évident de promouvoir le lesbianisme au Kenya, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan»
The @InfoKfcb has banned the film "RAFIKI" due to its homosexual theme and clear intent to promote lesbianism in Kenya contrary to the law and dominant values of the Kenyans. #KFCBbansLesbianFilm Dr. @EzekielMutua @moscakenya @PresidentKE @WilliamsRuto @wanuri @NellyMuluka pic.twitter.com/9hBQOukHv3
— KFCB (@InfoKfcb) 27 avril 2018
La réalisatrice a réagi à cette interdiction sur Twitter : «Je suis vraiment désolée d'annoncer que notre film «Rafiki» a été interdit au Kenya. Nous pensons que les adultes kényans sont suffisamment matures et sensés, mais leurs droits ont été niés», a-t-elle déploré.
I am incredibly sorry to announce that our film RAFIKI has been banned in Kenya. We believe adult Kenyans are mature and discerning enough to watch local content but their right has been denied. #Cannes2018 #AKenyanFirst
— Wanuri (@wanuri) 27 avril 2018