Sur le ton de l'humour, la comédienne Blanche Gardin a taclé l'indulgence des défenseurs de Roman Polanski, poursuivi pour viol, lors de la 29e nuit des Molières, diffusée lundi 29 mai sur France 2, depuis le théâtre des Folies Bergère.
«Pendant qu'on était sur scène le metteur en scène ne pouvait pas nous toucher», déclare l'actrice et humoriste révélée dans le Jamel Comedy Club provoquant quelques rires dans la salle des Folies Bergère. «C'était un metteur en scène génial par ailleurs, poursuit-elle, il faut savoir séparer l'homme de l'artiste». Une allusion à peine voilée au réalisateur franco-polonais.
«On ne dit pas d'un boulanger : 'oui, il viole des gosses dans le fournil mais bon il fait une baguette extraordinaire'», assène finalement la comédienne sous les applaudissements d'une partie du public. Fidèle à son style direct, Blanche Gardin met les pieds dans le plat, pour le grand plaisir des internautes.
Entrée directe de Blanche Gardin dans mon top 5 des modèles d''humour noir et désabusé.
— Guillaume D. (@GDeleur) 27 mai 2017
ohlala blanche gardin, le feu
— robin (@peterbucks) 30 mai 2017
Blanche Gardin a été parfaite hier dans les #Molières2017 ! Polanski gare à toi !
— Robin Mauconduit (@RobinLHC) 30 mai 2017
@philousports Blanche Gardin donc <3 ce n'est pas un coup de pied dans la fourmilière, c'est une bombe.
— BleuetteCrawley (@BleuetteCrawley) 30 mai 2017
blanche gardin, you're doing amazing sweetie https://t.co/6ZXLRC3DgZ
— laura (@handtomyselfs) 30 mai 2017
Des faits qui remontent à 1977
En effet, Roman Polanski est poursuivi par la justice américaine pour le viol en 1977 de Samantha Geimer, 13 ans au moment des faits. Le cinéaste, alors âgé de 43 ans, l'aurait droguée avant d'abuser d'elle. Le procès débute en avril de la même année et plusieurs chefs d'accusations sont retenus contre le réalisateur, qui plaide non-coupable : «fourniture de substance réglementée à une mineure», «actes obscènes sur un enfant de moins de 14 ans», «relations sexuelles illégales», «viol par usage de drogue», «perversion» et «sodomie». La famille de la jeune fille et Roman Polanski passent un accord : en échange de l'abandon de la quasi-totalité des charges, le réalisateur accepte de plaider coupable pour «rapports sexuels illégaux».
Libéré sous caution après avoir été condamné à trois mois de prison, le cinéaste s'enfuit du territoire américain, qui émet un mandat d'arrêt contre lui. A la fin des années 1980, Samantha Geimer porte plainte au civil. Selon L'Obs, le procès est annulé en échange de la somme de 225.000 dollars. En 2003, Samantha Geimer déclare avoir pardonné au réalisateur. L'affaire rebondit en 2009, quand le réalisateur est arrêté en Suisse, puis assigné à résidence à Gstaad. La Suisse refuse finalement d'extrader le réalisateur aux Etats-Unis.
En 2014, il est arrêté en Pologne mais la justice du pays considère que les faits sont prescrits. Choisi pour présider la 42e cérémonie des César en 2017, le réalisateur a fini par plier face à la polémique et aux pétitions dénonçant sa nomination. L'affaire Polanski cristalise d'une part, les défenseurs du droit à l'oubli et de l'autre, ceux qui souhaitent que le réalisateur soit jugé pour le viol de 1977.