Le monstre gentil de Bong Joon Ho a enfin été présenté à la Croisette. Troisième long métrage présenté en compétition, «Okja» est surtout le premier des deux films Netflix en lice pour la Palme d'or.
La projection de presse cannoise d'«Okja» n'a pas débuté sous les meilleurs auspices. Apparu au bout de quelques secondes sur l'écran, le logo Netflix a vivement été hué. D'autres festivaliers ont alors réagi en applaudissant. Et pendant quelques minutes, chacun y est allé de son droit à s'exprimer à propos de la polémique autour de la participation de deux films produit par Netflix dans les rangs de la compétition cette année. Au bout de quelques minutes de film, celui-ci a été arrêté pour raison technique, puis relancé.
Bong Joon Ho figure en compétition pour la première fois après plusieurs venues cependant sur la Croisette. En 2006, le réalisateur sud-coréen avait projeté «The Host» en 2006 et en 2009 il participait à Un certain regard avec «Mother». Cette année, le réalisateur, à qui l'on doit également le très apprécié film de science-fiction «Snowpiercer, Le Transperceneige» propose un drame qui s'engage pour la protection des animaux.
Mija (Seo-Hyun Ahn) vit dans les montagnes avec son grand-père. Ce dernier a été choisi pour élever l'un des supers cochons conçus par la Mirando Corporation pour participer à une grande compétition. Cela fait maintenant dix ans que Mija et la créature Okja coulent des jours paisibles. Mais ceux-ci vont faire long feu quand la firme Mirando vient reprendre possession d'Okja. Mija décide de retrouver Okja coûte que coûte et décide de se rendre à Séoul.
Elle est aidée par un groupe d'activistes, le Front de Libération des Animaux, des ultras qui veulent ne faire de mal à personne et diminuer autant que faire se peut leur empreinte écologique. Plusieurs scènes burlesques viennent étayer la mise en scène avec les personnages hauts en couleurs interprétés par Jake Gyllenhaal et Tilda Swinton. Parfois émouvant aussi, le film vise avant tout à provoquer une prise de conscience chez son auditoire.
Militant pour la défense des animaux, «Okja» conduit une réflexion sur les relations entre les hommes, la nature et le royaume animal à travers une histoire d'amitié à la «Sauvez Willy». Le long métrage est bâti sur un scénario convaincant mais parfois un peu répétitif.
Pedro Almodovar et son jury ne seront pas mis dans l'inconfortable position de devoir ou non donner la Palme à un film Netflix. En tout cas, pas avec «Okja». Le film a beaucoup de qualité mais il ne peut quand même pas prétendre à la récompense ultime.
«Okja», de Bong Joon Ho. Disponible sur Netflix le 28 juin.