Le film «Faute d'amour» du réalisateur russe Andrey Zvyagintsev, en lice pour la Palme d'or, fait l'implacable portrait d'un couple trop occupé à se déchirer pour s'occuper de son enfant.
Présenté mercredi soir à la presse, le nouveau film du réalisateur de «Léviathan» a plombé, pour un temps au moins, l'ambiance joviale des retrouvailles avec la Croisette. En effet, le plaisir de la douce chaleur de la Côte d'Azur a été balayé en quelques secondes.
A peine «Faute d'amour» avait débuté que toute velléité chez le festivalier de vivre avec légèreté ce premier jour de compétition à Cannes a été vivement mise à mal par quelques notes de piano appuyées et lugubres.
Génia et Boris sont mariés depuis plusieurs années. Tous deux engagés dans d'autres relations amoureuses, ils sont sur le point de divorcer et ont déjà mis leur appartement en vente. Au milieu des incessantes disputes, Aliocha, leur fils de 12 ans, ne reçoit que très peu d'attention voire aucune affection.
Un matin, Génia reçoit un appel de l'école l'avisant que son fils n'est pas venu en cours depuis deux jours. Elle prévient alors la police ainsi qu'une association de bénévoles qui recherchent les enfants disparus et fugueurs. Les recherches se mettent en place.
Zvyagintsev n'est pas un inconnu pour les festivaliers. Il a déjà été présent en compétition avec deux drames, «Le Bannissement» en 2007 et en 2014 avec «Léviathan». Il avait reçu pour ce dernier le prix du scénario. «Faute d'amour» ne devrait logiquement pas figurer au palmarès cette année.
Exercice emballant de mise en scène, cette tragédie est un pur film d'auteur qu'aucune nuance ne vient sauver. Zvyagintsev fait le constat dur et douloureux pour le spectateur d'une Russie qui a failli à son peuple et à ses enfants. Sans espoir aucun d'expiation ou de rédemption.