Depuis sa création en 1901, pas moins de 67 Français ont été récompensés par un prix Nobel dans l'un des six domaines mis à l'honneur (paix, médecine, physique, chimie, littérature et économie). En voici la liste, dans l'ordre antichronologique.
Annie Ernaux (littérature, 2022)
L'écrivaine de 82 ans, récompensée pour «le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle», est devenue le 16e Nobel de littérature français (mais la première femme), faisant du pays le plus récompensé dans la catégorie. Après avoir reçu son prix, l'auteure de «L'événement» a promis de «continuer le combat contre les injustices» sous toutes leurs formes.
Alain Aspect (physique, 2022)
Le Français Alain Aspect, 75 ans, a été couronné du prix Nobel de physique en 2022, aux côtés de l’Américain John Clauser (79 ans) et de l’Autrichien Anton Zeilinger (77 ans). Ils ont été récompensés pour leurs recherches et découvertes sur «l’intrication quantique». Le jury a salué «les expériences avec des photons intriqués, établissant les violations des inégalités de Bell et ouvrant une voie pionnière vers l’informatique quantique». Des travaux qui ont permis de créer de nouvelles technologies dans l’informatique quantique ainsi que des communications ultra-sécurisées.
Emmanuelle Charpentier (chimie, 2020)
En 2020, la généticienne Emmanuelle Charpentier, qui travaille à l'Institut Max Planck de Berlin, a remporté le prix Nobel de chimie, pour avoir participé à la mise au point de «ciseaux moléculaires», capables de modifier les gènes humains. De «réécrire le code de la vie», selon les mots de l'Académie royale des sciences de Suède. Cette technique «contribue à de nouvelles thérapies contre le cancer et peut rendre possible le rêve de guérir des maladies héréditaires», a expliqué l'institution suédoise.
Esther Duflo (économie, 2019)
En 2019, la franco-américaine Esther Duflo est devenue la plus jeune lauréate du prix Nobel d'économie, à 46 ans, ainsi que la première femme française à obtenir cette récompense. La professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT) a été honorée pour ses travaux sur la lutte contre la pauvreté.
Gérard Mourou (physique, 2018)
En 2018, Gérard Mourou, professeur émérite à l’Ecole polytechnique, s'est vu attribuer le prix Nobel de physique pour ses travaux sur les lasers. A été mise à l'honneur sa méthode, développée avec Donna Strickland, «de génération d'impulsions optiques ultra-courtes de haute intensité».
Jean-Pierre Sauvage (chimie, 2016)
En 2016, Jean-Pierre Sauvage, professeur émérite à l'Université de Strasbourg, a obtenu le prix Nobel de chimie «pour la conception et la synthèse de machines moléculaires».
Jean Tirole (économie, 2014)
En 2014, Jean Tirole a remporté le prix Nobel d'économie. Le fondateur et président de la Toulouse School of Economics (TSE), auquel a fait appel Emmanuel Macron en mai dernier pour co-diriger une commission de 26 économistes chargée de penser l'après-crise sanitaire, a été récompensé «pour son analyse de la puissance du marché et de la réglementation».
Patrick Modiano (littérature, 2014)
2014, une année fructueuse pour la France, avec deux prix Nobel. Avant Jean Tirole en économie, c'est Patrick Modiano qui a reçu le prix Nobel de littérature. L'auteur de «Dora Bruder» et «Rue des boutiques obscures» a été distingué pour «l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation».
Serge Haroche (physique, 2012)
Chercheur au Collège de France et à l'Ecole normale supérieure (ENS), Serge Haroche a obtenu en 2012 le prix Nobel de physique pour ses travaux sur la physique quantique, un domaine de recherche étudiant le comportement des objets physiques au niveau microscopique.
Jules Hoffmann (médecine, 2011)
En 2011, Jules Hoffmann, un biologiste français d'origine luxembourgeoise, s'est vu décerner le prix Nobel de médecine. Le directeur de recherche émérite au CNRS et professeur à l'Université de Strasbourg l'a remporté pour ses travaux sur la compréhension du fonctionnement du système immunitaire.
J.M.G. Le Clézio (littérature, 2008)
Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous ses initiales J.M.G. Le Clézio, a été honoré du prix Nobel de littérature en 2008. L'Académie suédoise a qualifié l'auteur de «Désert» et «La quarantaine» d'«écrivain de nouveaux départs, d'aventures poétiques et d'extase sensuelle, explorateur d'une humanité au-delà et au-dessous de la civilisation régnante».
Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier (médecine, 2008)
Deux prix Nobel pour le prix d'un. En 2008, les professeurs Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ont reçu le prix Nobel de médecine pour avoir découvert en 1983, à l'Institut Pasteur, le virus responsable du sida. En mars dernier, Françoise Barré-Sinoussi a été nommée à la tête du Comité analyse recherche et expertise (Care), chargé de conseiller le gouvernement sur la gestion de la pandémie de coronavirus.
Albert Fert (physique, 2007)
En 2007, Albert Fert, directeur scientifique à l'unité mixte de physique CNRS-Thales, s'est vu remettre le prix Nobel de physique pour sa découverte, avec Peter Grünberg, de la magnétorésistance géante. Cette dernière a «révolutionné les techniques permettant de lire l'information stockée sur disque dur», a indiqué le comité Nobel.
Yves Chauvin (chimie, 2005)
En 2005, Yves Chauvin avait été surpris de recevoir le prix Nobel de chimie, pour des travaux remontant à 40 ans. Dans les années 1970, celui qui était alors chercheur à l'Institut français du pétrole (IFP) avait réussi à élucider le mécanisme de la métathèse, très utilisée dans l’industrie chimique, surtout dans la production de médicaments et de plastiques.
Gao Xingjian (littérature, 2000)
Le prix Nobel de littérature de l’an 2000 a été décerné à l'écrivain Gao Xingjian. D'origine chinoise et écrivant en langue chinoise, il est devenu français à la fin des années 1980 après avoir été censuré dans son pays et demandé le statut de réfugié politique dans l'Hexagone. L'auteur de «La montagne de l'âme» a été récompensé pour son «œuvre de portée universelle, marquée d’une amère prise de conscience et d’une ingéniosité langagière, qui a ouvert des voies nouvelles à l’art du roman et du théâtre chinois».
Médecins sans frontières (Paix, 1999)
C'est le dernier prix Nobel de la paix tricolore. Créée en 1971, l'ONG internationale d'origine française Médecins sans frontières (MSF) a reçu en 1999 cette distinction prestigieuse, «en reconnaissance du travail humanitaire pionnier de l'organisation sur plusieurs continents».
Claude Cohen-Tannoudji (physique, 1997)
En 1997, Claude Cohen-Tannoudji, professeur à l'Ecole normale supérieure (ENS) et au Collège de France, a obtenu le prix Nobel de physique «pour le développement de méthodes servant à refroidir et à confiner des atomes à l'aide de la lumière laser».
Georges Charpak (physique, 1992)
En 1992, le physicien français d'origine polonaise Georges Charpak, chercheur au CERN (l'Organisation européenne de la recherche nucléaire), a été récompensé du prix Nobel de physique pour l'invention et le développement de détecteurs de particules, en particulier la «chambre proportionnelle multifils» en 1968.
Pierre-Gilles de Gennes (physique, 1991)
Qualifié par l'Académie royale des sciences de Suède d'«Isaac Newton de notre temps», Pierre-Gilles de Gennes, professeur au collège de France, a été le lauréat du prix Nobel de physique en 1991. Il a été couronné pour ses travaux sur la «matière molle» (gels, cristaux liquides, polymères), ayant permis par la suite la fabrication d'écrans plats de téléviseurs ou d'ordinateurs.
Maurice Allais (économie, 1988)
En 1988, Maurice Allais a reçu le prix Nobel d'économie. Le professeur à l'Ecole des mines de Paris a été honoré pour ses travaux pionniers sur «la théorie des marchés et l'utilisation efficace des ressources».
Jean-Marie Lehn (chimie, 1987)
En 1987, Jean-Marie Lehn, professeur à l'Université Louis-Pasteur de Strasbourg et au Collège de France, s'est vu récompensé du prix Nobel de chimie pour ses travaux sur les molécules «creuses».
Claude Simon (littérature, 1985)
En 1985, Claude Simon, auteur de «La route des Flandres» et «L'Acacia», a obtenu le prix Nobel de littérature. Une distinction accueillie avec indifférence en France, alors que l'Académie suédoise louait un écrivain «qui, dans ses romans, combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience approfondie du temps dans la représentation de la condition humaine».
Gérard Debreu (économie, 1983)
Institué en 1969, le prix Nobel d'économie s'est refusé aux Français pendant quasiment quinze ans, jusqu'à la consécration de Gérard Debreu en 1983. Celui qui a passé toute sa carrière aux Etats-Unis l'a obtenu cinq ans avant son maître dans la discipline, Maurice Allais, pour ses travaux sur la théorie économique de l'équilibre général.
Jean Dausset (médecine, 1980)
En 1980, l'immunologiste Jean Dausset a reçu le prix Nobel de médecine pour une découverte déterminante dans la réussite des greffes d'organe : l'identification du système HLA (pour «Human Leukocyte Antigen»), permettant de vérifier la compatibilité entre donneur et receveur lors d'une transplantation d'organe ou d'une greffe de moelle osseuse.
Roger Guillemin (médecine, 1977)
Citoyen français naturalisé américain en 1965 et installé outre-Atlantique au Salk Institute de San Diego, Roger Guillemin a obtenu le prix Nobel de médecine en 1977, pour avoir contribué à la découverte des hormones sécrétées par le cerveau.
Louis Néel (physique, 1970)
En 1970, l'Académie royale des sciences de Suède a décerné à Louis Néel, créateur et directeur du Centre d'études nucléaires de Grenoble, le prix Nobel de physique, pour ses travaux sur les propriétés magnétiques des solides.
René Cassin (paix, 1968)
En 1968, le prix Nobel de la paix a consacré René Cassin pour l'ensemble de sa carrière, dédiée à la défense des droits humains. Artisan de la Déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par l'ONU en 1948, ce juriste de formation a également participé à la création de l'Unesco et a été le premier président de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Il est entré au Panthéon en 1987, onze ans après sa mort.
Alfred Kastler (physique, 1966)
En 1966, Alfred Kastler, professeur à l'Ecole normale supérieure (ENS), s'est vu offrir le prix Nobel de physique, pour son invention en 1951 du «pompage optique». Cette méthode a permis d'en savoir plus sur les propriétés des atomes et a suscité de nombreuses applications en physique atomique.
François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod (médecine, 1965)
En 1965, l'Institut Karolinska, basé à Stockholm, a choisi de décerner le prix Nobel de médecine à trois scientifiques français : François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod, travaillant tous trois à l'Institut Pasteur. Cette distinction visait à récompenser leur contribution importante à la constitution de cette nouvelle discipline qu'était la biologie moléculaire.
Jean-Paul Sartre (littérature, 1964)
Il reste dans l'histoire comme le premier à avoir refusé un prix Nobel. En 1964, le célèbre écrivain et philosophe Jean-Paul Sartre a décliné la récompense de l'Académie suédoise, déclarant s'opposer aux distinctions officielles - il avait déjà refusé la Légion d'honneur en 1945 - et ayant peur d'être transformé en «institution». Malgré cela, l'auteur de «Huis clos» figure toujours dans le palmarès du prix Nobel.
Saint-John Perse (littérature, 1960)
En 1960, le poète Saint-John Perse s'est vu octroyer le prix Nobel de littérature, «pour l’envolée altière et la richesse imaginative de sa création poétique, qui donne un reflet visionnaire de l’heure présente». A côté de la poésie, Alexis Léger de son vrai nom était un diplomate, qui s'est exilé aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale après avoir été congédié de son poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.
Albert Camus (littérature, 1957)
En 1957, Albert Camus est devenu à 44 ans le plus jeune lauréat du prix Nobel de littérature, après le Britannique Rudyard Kipling (42 ans). L'écrivain, auteur de «L'Etranger» et «La Peste», a été récompensé par l'Académie suédoise «pour son importante production littéraire, qui, avec un sérieux clairvoyant, éclaire les problèmes de la conscience humaine à notre époque».
André Frédéric Cournand (médecine, 1956)
En 1956, le professeur André Frédéric Cournand, français naturalisé américain en 1941 travaillant à l'université de Columbia à New York, a reçu le prix Nobel de médecine. Il a été honoré pour ses découvertes sur le cathétérisme cardiaque, une technique consistant à introduire une sonde par la veine du coude jusqu'au cœur.
François Mauriac (littérature, 1952)
En 1952, le romancier François Mauriac a obtenu le prix Nobel de littérature, «pour la profonde imprégnation spirituelle et l'intensité artistique avec lesquelles il a exploré dans ses romans le drame de la vie humaine». L'auteur du «Baiser au lépreux» et du «Mystère Frontenac» était notamment en course avec le Premier ministre britannique Winston Churchill et Albert Camus, qui obtiendra la distinction cinq ans plus tard.
Albert Schweitzer (paix, 1952)
La France a obtenu un second prix Nobel en 1952 : le prix Nobel de la paix, avec Albert Schweitzer, distingué pour son engagement humanitaire. A la fois médecin, musicien (il était un organiste internationalement réputé), théologien, pasteur et philosophe, il a été honoré pour avoir fondé et dirigé un hôpital au Gabon, à Lambaréné, où il soignait gratuitement les malades et les lépreux.
Léon Jouhaux (paix, 1951)
Avant Albert Schweitzer en 1952, un Français avait déjà reçu le prix Nobel de la paix l'année précédente : Léon Jouhaux, une grande figure du syndicalisme français, honoré pour ses engagements pacifistes. Secrétaire général de la CGT de 1909 à 1947, ce militant ouvrier - qui a fait partie des négociateurs de la Conférence de la Paix de Paris de 1919 - a ensuite connu une carrière dans les instances internationales, en devenant vice-président de la Fédération syndicale mondiale (FSM), délégué à l'ONU et vice-président du Bureau international du travail (BIT).
André Gide (littérature, 1947)
Quatre ans avant sa mort et alors qu'il s'était mis à l'écart de la vie littéraire, André Gide a reçu le prix Nobel de littérature en 1947. L'Académie suédoise a décidé de récompenser l'auteur des «Nourritures terrestres» et des «Faux-monnayeurs», malgré les scandales ayant accompagné sa carrière, «pour ses écrits complets et artistiquement significatifs, dans lesquels les problèmes et les conditions humaines ont été présentés avec un amour intrépide de la vérité et une profonde perspicacité psychologique».
Roger Martin du Gard (littérature, 1937)
En 1937, Roger Martin du Gard est récompensé du prix Nobel de littérature pour son cycle de romans intitulé «Les Thibault», alors même qu'il était encore inachevé. Une saga en huit volumes que l'auteur a entamée après la Première Guerre mondiale et achevé en 1940.
Irène Joliot-Curie et Frédéric Joliot (chimie, 1935)
Fille des physiciens Pierre et Marie Curie, Irène Joliot-Curie et son mari Frédéric Joliot ont obtenu en 1935 le prix Nobel de chimie pour leur découverte d'un nouveau type de radioactivité, qui sera appelé par la suite «radioactivité artificielle». Leurs recherches ont permis plus tard la découverte de la fission nucléaire.
Louis de Broglie (physique, 1929)
En 1929, à seulement 37 ans, Louis de Broglie, maître de conférences à la faculté des sciences de l’université de Paris, a obtenu le prix Nobel de physique «pour sa découverte de la nature ondulatoire de l'électron». Une percée révolutionnaire ayant conduit à la création d'une nouvelle branche de la physique, la mécanique ondulatoire. Quatre ans plus tard, Louis de Broglie est devenu le plus jeune membre de l'Académie des sciences.
Charles Nicolle (médecine, 1928)
En 1928, Charles Nicolle, directeur de l'Institut Pasteur de Tunis, a reçu le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le typhus. En 1909, il a notamment découvert le rôle du pou dans la transmission de l’infection chez l'homme.
Henri Bergson (littérature, 1927)
Un philosophe prix Nobel de littérature. C'est ce qui s'est produit en 1927, avec la distinction donnée à Henri Bergson, «en reconnaissance de ses idées riches et stimulantes et de la brillante compétence avec laquelle elles ont été présentées».
Ferdinand Buisson (paix, 1927)
Inspirateur des lois scolaires de Jules Ferry et cofondateur de la Ligue des droits de l'Homme, Ferdinand Buisson a obtenu le prix Nobel de la paix en 1927. Ce professeur et homme politique a été récompensé par le Comité Nobel norvégien notamment pour avoir œuvré au rapprochement entre la France et l'Allemagne après la Première Guerre mondiale.
Jean Perrin (physique, 1926)
En 1926, Jean Perrin, professeur à la faculté des sciences de Paris, a reçu le prix Nobel de physique pour ses travaux sur l'existence des atomes. Après son prix Nobel, sa carrière a pris un tournant plus politique. Il a notamment partipé à la création du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) en 1939.
Aristide Briand (paix, 1926)
Onze fois président du Conseil des ministres et ministre à 25 reprises pendant la IIIe République, Aristide Briand s'est vu décerner le prix Nobel de la paix en 1926, alors qu'il était ministre des Affaires étrangères. Il a été honoré avec son homologue allemand Gustav Stresemann pour avoir joué un rôle important dans la réconciliation franco-allemande, étant notamment l'artisan des accords de Locarno en 1925, signés par Paris, Berlin et plusieurs autres pays européens.
Anatole France (littérature, 1921)
Grand écrivain français de la IIIe République, Anatole France (pseudonyme de Jacques-Anatole Thibault) a reçu le prix Nobel de littérature en 1921, «en reconnaissance de ses brillantes réalisations littéraires, caractérisées par une noblesse dans le style, une profonde humanité et un tempérament bien français», après une carrière marquée par de nombreux succès littéraires («Les dieux ont soif», «Le crime de Sylvestre Bonnard» ou encore «Thaïs»).
Léon Bourgeois (paix, 1920)
En 1920, le prix Nobel de la paix est allé à l'homme d'Etat Léon Bourgeois. Il a été honoré pour avoir été, avec le président américain Thomas Woodrow Wilson, l'un des bâtisseurs de la Société des Nations (SDN), ancêtre de l'ONU, créée en 1919 et dont il est devenu le premier président en 1920.
Romain Rolland (littérature, 1915)
En 1915, Romain Rolland s'est vu attribuer le prix Nobel de littérature, qu'il devait principalement à son roman-fleuve, en dix volumes, «Jean-Christophe», paru entre 1904 et 1912. Toute l'œuvre de cet écrivain et pamphlétaire a été traversée par ses idéaux pacifistes et humanistes. Pendant la Première Guerre mondiale, il a dit vouloir se situer «au-dessus de la mêlée», ce qui lui a valu les inimitiés de certains de ses contemporains.
Charles Richet (médecine, 1913)
En 1913, Charles Richet, professeur à la faculté de médecine de Paris, a obtenu le prix Nobel de médecine pour avoir découvert pour la première fois en 1902 le phénomène d'anaphylaxie, une forme extrême de réaction allergique. Il est également connu pour ses positions eugénistes et racistes.
Victor Grignard et Paul Sabatier (chimie, 1912)
En 1912, deux Français, Victor Grignard et Paul Sabatier, ont reçu le prix Nobel de chimie pour deux découvertes ayant permis des avancées dans le domaine de la chimie organique. Le premier a donné son nom à un réactif, dit «de Grignard», très utilisé en laboratoire. Les recherches du second sur la catalyse ont eu des applications en pétrochimie, dans la préparation des engrais et ont permis la création des pots d’échappement catalytiques.
Alexis Carrel (médecine, 1912)
En 1912, Alexis Carrel, un chirurgien français émigré aux Etats-Unis, s'est vu récompenser du prix Nobel de médecine, pour ses travaux pionniers sur la transplantation d'organes. Controversé en raison de ses positions eugénistes, il a participé à l'effort de guerre pendant le second conflit mondial en développant des techniques de conservation du sang.
Marie Curie (chimie, 1911)
En 1911, Marie Curie est devenue la première femme à obtenir deux prix Nobel scientifiques. Cette année-là, la première femme professeure à la Sorbonne a reçu le prix Nobel de chimie, après celui de physique en 1903, obtenu avec son époux Pierre Curie et Henri Becquerel. Née en Pologne sous le nom de Marie Sklodowska et naturalisée française suite à son mariage avec Pierre Curie, la célèbre scientifique a été récompensée en 1911 «en reconnaissance de sa contribution à l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés».
Paul d'Estournelles de Constant (paix, 1909)
Diplomate et homme politique, Paul d'Estournelles de Constant a été récompensé du prix Nobel de la paix en 1909. Défenseur du principe d'arbitrage pour résoudre les conflits entre nations, le petit-neveu de l'écrivain célèbre Benjamin Constant, fervent opposant à la politique coloniale hexagonale, a été l'un des artisans de la création de la Cour permanente d'arbitrage, également appelée Tribunal de La Haye.
Gabriel Lippmann (physique, 1908)
En 1908, Gabriel Lippmann, professeur à la faculté des sciences de Paris, a reçu le prix Nobel de physique pour avoir inventé une technique permettant de réaliser des photographies en couleurs. Un procédé qui n'a jamais connu de diffusion auprès du grand public en raison de différents obstacles à son développement.
Alphonse Laveran (médecine, 1907)
Premier prix Nobel français de médecine, Alphonse Laveran a été distingué en 1907 pour avoir découvert le parasite responsable du paludisme, et plus largement pour l’ensemble de ses travaux dans le domaine de la parasitologie, qu'il a réalisés à l'Institut Pasteur.
Louis Renault (paix, 1907)
En 1907, Louis Renault s'est vu décerner le prix Nobel de la paix. Ce professeur de droit international à la faculté de droit de Paris, qui a également été jurisconsulte du ministère des Affaires étrangères, a été récompensé pour son engagement en faveur du renforcement du droit international. Il a participé aux grandes conférences de la paix de La Haye en 1899 et 1907 et était membre de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye.
Henri Moissan (chimie, 1906)
En 1906, Henri Moissan est devenu le premier Français prix Nobel de chimie, pour avoir le premier réussi à isoler le fluor. Ce pharmacien et chimiste a également été l'inventeur d'un four électrique - portant son nom -, dont la température pouvait atteindre 3.000 à 3.500°C.
Frédéric Mistral (littérature, 1904)
Il est le seul auteur s'exprimant dans une langue régionale à avoir été honoré du prix Nobel de littérature. En 1904, le poète et lexicographe Frédéric Mistral, dont l'œuvre est écrite en provençal (en «langue d'oc», disait-on à l'époque), a été distingué par l'Académie suédoise «en reconnaissance de la grande originalité et de l'inspiration authentique de sa production poétique, qui dépeint fidèlement les paysages naturels (de sa région) et l'âme de son peuple, ainsi que son travail en tant que philologue provençal».
Marie Curie, Pierre Curie et Henri Becquerel (physique, 1903)
En 1903, Marie Curie est devenue la première femme à obtenir un prix Nobel, celui de physique, aux côtés de deux hommes. Tandis qu'Henri Becquerel a été honoré pour sa découverte de la «radioactivité spontanée», Marie Curie et son mari Pierre Curie ont été récompensés «pour leurs recherches sur les phénomènes de radiation découverts par le professeur Henri Becquerel». Le couple a notamment découvert deux nouvelles substances radioactives, le polonium et le radium. Quant à Henri Becquerel, l'unité physique de la radioactivité, le becquerel (Bq), a été nommée en son honneur.
Sully Prudhomme (littérature, 1901)
Premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901, le poète Armand Prudhomme, dit Sully Prudhomme, appartenait au mouvement poétique parnassien. Elu à l'Académie française en 1881, l'auteur de «Stances et Poèmes», «Les Epreuves» et «Les Solitudes» a consacré l'essentiel de la dotation financière de son prix Nobel à la création d'un prix littéraire destiné aux jeunes poètes.
Frédéric Passy (paix, 1901)
Le premier prix Nobel de la paix, en 1901, a distingué un Français, Frédéric Passy, en tant que «doyen du mouvement international pour la paix». Economiste et homme politique, il a notamment fondé la Ligue internationale et permanente de la paix, puis la Société française des amis de la paix, devenue ensuite la Société française pour l'arbitrage entre nations. Cet opposant à la politique coloniale de la France a été l'un des fondateurs de l'Union interparlementaire, une organisation de coopération entre les élus de différents pays.