Benjamin Millepied et son collectif artistique, le Paris Dance Project, lancent une initiative populaire ce samedi 8 juin. À Paris et dans sa banlieue, le collectif donnera la chance à qui le souhaite d’assister à dix ballets gratuits.
«La Ville dansée», c’est le nom de la nouvelle initiative du grand chorégraphe Benjamin Millepied et son collectif, Paris Dance Project. Elle consiste à proposer dix ballets gratuits dans Paris et sa banlieue, samedi 8 juin.
«La Ville dansée est une journée de ballets en plein air et en accès libre à Paris et ses alentours», explique la chorégraphe Solenne du Haÿs-Mascré, membre du Paris Dance Project, au Point. « On commence à Grigny, puis on va à Meudon, au Hangar Y, on enchaîne avec la fontaine du Palais de Tokyo, la place Maubert ou encore l'église Saint-Bernard… pour finir à Saint-Ouen, à 21 heures.»
Une volonté de ramener le spectacle dans la rue
Benjamin Millepied a tout connu. New York, Los Angeles, l’Opéra de Paris... Mais à 47 ans, il ressent le besoin de revenir aux origines, là où l’art prend sa source, la rue. «Un moyen très simple de faire un spectacle, c'est de profiter des décors extérieurs, raconte le chorégraphe. Avec le metteur en scène Yuval Sharon, on avait par exemple fait un opéra dans la gare de Union Station. Les spectateurs portaient des casques pour entendre la musique en direct. C'était extraordinaire.»
Son passage à l’Opéra lui a donné envie de se rapprocher du public : «Il s'agit de la structure la plus subventionnée de France, et on se demande à qui elle parle, pourquoi une seule fraction de la société s'y sent invitée», regrette-t-il. Tout cela n’a fait que renforcer sa volonté de «faire des choses dans la ville», «sortir des théâtres et aller vers le public».
«Le plus beau projet sur lequel j’aie jamais travaillé», s’émeut Benjamin Millepied
Le départ de cette journée dédiée aux ballets urbains aura lieu à 11h sur le parking de la gare RER de Grigny avec un premier show. Un lieu qui n’a pas été choisi par hasard. Le sociologue Fabien Truong, également membre du collectif, confie au Point l’importance que revêt le fait de se produire dans cette ville.
«C'est une ville où il y a d'extrêmes problématiques économiques et sociales. Selon l'administration fiscale, c'est la ville la plus pauvre de France : 20.000 habitants, et il n'y a pas de supermarché.»
Le chorégraphe marocain Mohamed Lamqayssi y dévoilera «les émotions cachées, les rêves étouffés et les espoirs éternels des habitants, détaille Benjamin Millepied. Partout, on va souligner l'incroyable réservoir de créativité que sont Paris et ses banlieues».
La création chorégraphique est ouverte à tous, dans le but de changer le regard sur des lieux du quotidien, qu'ils soient grandioses ou quelconques.
«C'est le plus beau projet sur lequel j'aie jamais travaillé», s'émeut Benjamin Millepied. Car il s'agit de proposer à tout le monde des récits par la danse, par l'émotion du geste. On revient à l'essence de cette pratique artistique, puisque tout le monde danse dans l'enfance, c'est un instinct humain très profond. Ceux qui veulent mieux comprendre notre démarche sont invités au théâtre de la Concorde à 19 heures pour une discussion autour du projet… ».
Pour ceux qui le souhaitent, ils pourront se rendre dans la foulée à la patinoire de Saint-Ouen pour l’ultime ballet de cette journée exceptionnelle.