Incarnée par Sofía Vergara dans la série de Netflix intitulée «Griselda», Griselda Blanco était une redoutable baronne de la drogue, dont le règne en Colombie s'est étendu sur près de 50 ans.
Une femme de pouvoir. Née à Cartagena, en Colombie, le 15 février 1943, Griselda Blanco a déménagé à Medellín, vers lâge de trois ans, avec sa mère prostituée et alcoolique. Selon la presse de l'époque, il est possible qu'elle ait subi des mauvais traitements de la part des clients de sa mère.
La légende voudrait que sa vie de criminelle ait débuté dès l'âge de 11 ans, en participant à l'enlèvement et au meurtre d'un jeune garçon dont les parents fortunés refusaient de payer une rançon. L’année suivante, elle se serait tournée vers la prostitution et le vol à l'étalage pour survivre.
À l'âge de 13 ans, après avoir fui le domicile familial, elle s'est installée avec un prétendu proxénète et faussaire de documents, Carlos Trujillo, qui est devenu son premier mari. Le couple a eu trois fils, Uber, Dixon et Osvaldo Trujillo, mais leur mariage fut de courte durée. Les désaccords des conjoints concernant leur empire criminel naissant ont conduit Griselda à divorcer de son époux, qu'elle fera éliminer ultérieurement.
L’ascension dans la drogue
Dans les années 1960, elle a épousé son deuxième mari, Alberto Bravo, un trafiquant de cocaïne. Ensemble, ils ont quitté la Colombie pour s’installer dans le quartier du Queens, à New York, marquant ainsi le début de leur empire de la drogue aux États-Unis. La baronne y a ouvert sa propre usine de fabrication de sous-vêtements féminins, qui produisait des dessous avec des poches cachées pour faire passer de la drogue. Elle employait 1.500 dealers et était elle-même dépendante du «bazuco», une forme de pâte de cocaïne.
En 1975, alors que leur activité illégale commençait à s'étendre, le couple a décidé de s'enfuir en Colombie après avoir appris que des agents fédéraux les avaient identifiés dans le cadre d'une enquête impliquant l'arrestation de 150 personnes. Sur place, le couple de trafiquants s'est disputé, Griselda Blanco accusant son mari de voler de l'argent dans les caisses de leur entreprise. Un coup de feu est tiré, provoquant la mort d'Alberto Bravo, laissant ainsi la veuve seule à la tête de l'empire.
Griselda Blanco, mère et tueuse
Trois ans après, en 1978, «La marraine» a épousé Dario Sepulveda. Ils ont accueilli leur fils, Michael Corleone Blanco, du nom du personnage incarné par Al Pacino dans «Le Parrain», en Colombie la même année. Le trio est secrètement retourné vivre aux États-Unis, à Miami précisément, où elle a continué de développer son entreprise. À côté de son rôle de mère, elle s'est forgée une réputation de tueuse, déterminée à protéger son pouvoir coûte que coûte.
À l'instar de ses homologues masculins, elle a multiplié les victimes. Elle serait responsable de la plupart des meurtres commis dans le sud de la Floride entre 1979 et 1981, afin d'éviter de rembourser de l'argent, de récupérer des sommes qui lui étaient dues, ou en cas de manque de respect. Elle est notamment accusée d'être à l'origine de la mort, en 1982, d'un enfant de deux ans, victime accidentelle d'une tentative de meurtre d'un rival. Les massacres sont alors si fréquents que les morgues, faute de place, auraient loué des camions frigorifiques à l'enseigne de fast-food, Burger King.
Griselda Blanco aurait contribué à développer la technique des meurtres à moto, permettant de faire des fusillades et de disparaître facilement. En 1983, malgré son désir de garder son fils Michael auprès d'elle, son mari a souhaité l'envoyer à l'école. Leur désaccord sur la garde de l'enfant a abouti au meurtre de celui-ci dans une voiture alors qu'il tentait de fuir avec l'enfant en Colombie. À ce moment-là, le petit garçon était assis à côté de lui.
La baronne rattrapée par la justice
Surnommée «La marraine», «La reine de la cocaïne», ou encore «La marraine de la cocaïne», elle a réussi à échapper aux autorités pendant des années, en se teignant les cheveux, en perdant ou en prenant du poids, ou en utilisant l'un de ses nombreux pseudonymes.
La trafiquante de drogues a finalement été arrêtée en 1985, à Irvine, une ville au sud de Los Angeles. Son procès à New York, en juin et juillet 1985, a abouti à une condamnation pour complot en vue de fabriquer, d'importer aux États-Unis et de distribuer de la cocaïne. Elle a écopé d'une peine de 15 ans de prison.
Griselda Blanco risquait la peine de mort pour ses meurtres, mais les poursuites contre elle ont été abandonnées en raison du témoin principal à charge, un ancien tueur à gages nommé Jorge «Rivi» Ayala, qui a eu des relations sexuelles au téléphone avec des secrétaires du bureau du procureur de l'État. Un accord a été conclu avec l'accusée qui, en 1998, a plaidé coupable à trois accusations de meurtre au deuxième degré. Elle a été libérée de prison en juin 2004, et expulsée en Colombie.
Une mort dramatique
La baronne, âgée de 69 ans, a été assassinée par un tireur masqué à Medellín, en Colombie, le 3 septembre 2012. Elle se tenait devant une boucherie lorsqu'elle a été abattue de deux balles dans la tête, avant que l'assassin ne prenne la fuite à moto. Un mode opératoire qu'elle avait contribué à développer selon la légende. Elle était accompagnée de sa belle-fille enceinte, sortie indemne de la fusillade, qui aurait posé une bible sur la poitrine de Griselda. Les forces de l'ordre ont déclaré qu'elles pensaient que «La reine de la cocaïne» était morte depuis des années.
Après son décès, Michael Corleone Blanco, le seul enfant survivant, a décidé de changer de mode de vie et de ne pas suivre ses traces. Il est devenu une vedette de téléréalité, avant de se diriger vers une vie plus discrète. Uber, Dix et Osvaldo Trujillo auraient été tués en raison de leur implication dans le trafic de la drogue.