Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes en mai dernier, «Little Girl Blue» de Mona Achache débarque en salles ce mercredi, avec une Marion Cotillard au sommet de son art.
Dans un appartement aux murs recouverts de photos, de lettres, de carnets annotés et de documents d’archives, Marion Cotillard fait son entrée. Là, dans un silence assourdissant, elle retire lentement ses vêtements et se pare d’un gros collier de perles noires, de bagues, d'une paire de lunettes, de lentilles marron et d’une perruque arborant des cheveux courts et bouclés. C’est ainsi que s’ouvre le film «Little Girl Blue» de Mona Achache, qui sort ce mercredi 15 novembre au cinéma.
Dans ce drame poignant qui oscille entre fiction et documentaire, l’actrice oscarisée pour sa prestation magistrale dans «La Môme» se métamorphose en la mère de la réalisatrice, l’écrivaine et photographe de plateau Carole Achache, qui a mis fin à ses jours en 2016 sans laisser un mot.
Une œuvre singulière pour comprendre le suicide d'une mère
«Il y a une espèce de ressemblance invraisemblable avec ma mère jeune, cette espèce de beauté insolente, de liberté, de charisme. Et puis l'histoire est tellement ténébreuse que j'avais envie de lui amener une femme qui viendrait complètement la contredire avec sa lumière», avait expliqué la cinéaste en mai dernier au Festival de Cannes, où le film était présenté en séance spéciale.
A travers les traits de la comédienne qui reprend, non sans difficulté, les interviews de Carole Achache en utilisant la synchronisation labiale, la figure de cette mère disparue tragiquement renaît à l’écran. Avec elle, on tente de percer le mystère d’une femme qui a commis l’irréparable. Enfant, elle évoluait dans le milieu intellectuel germanopratin où certains abusaient des jeunes filles, faisant fi de la morale. Elle y compris, malgré la présence de sa propre mère, la romancière Monique Lange, épouse de l'écrivain espagnol Juan Goytisolo.
«Little Girl Blue» pourra en décontenancer plus d’un, tant la mise en scène est audacieuse et singulière. Ce film très personnel nous plonge dans l’intimité d’une destinée de femmes toutes victimes de la violence et de la misogynie des hommes. Avec pour but pour la fille et petite-fille qu’est Mona Achache, de s’extirper de cette malédiction en exhibant les fantômes et les traumatismes du passé.