Premier film français à entrer en lice pour la Palme d'or, «Le Retour» ne manque ni d'atouts, ni de flammes pour animer ce début de quinzaine. La réalisatrice Catherine Corsini livre ici un récit initiatique et familial dans la lignée de ses précédents films.
La famille auscultée. Khédidja travaille comme nounou chez une riche famille parisienne, un peu bobo mais plutôt bienveillante. Un été, on lui propose de s'occuper des enfants lors d'un sejour en Corse. L'occasion pour elle de retourner avec ses deux filles sur cette île qu'elles ont quittée brutalement quinze ans plus tôt. Mais lorsque le passé refait surface, est-ce toujours bénéfique ?
Les traumas, les non-dits, les blessures familiales souterraines ou autres fêlures : elle connait bien ça Catherine Corsini, dont le film «Le Retour» était projeté ce jeudi en compétition pour la Palme d'or. De «La répétition» à «Un amour impossible», la réalisatrice de «La fracture» puise dans la sourde douleur intime de ses personnages imaginaires, matière à les révéler, les sublimer et en extraire une soif d'affranchissement et de liberté qui les rend toujours attachants. Dans cette comédie dramatique baignée du soleil corse et de ses cartes postales idylliques et pittoresques, la réalisatrice brasse plusieurs thématiques : les secrets de famille, les différences de trajectoire et d'ambition entre sœurs, les amours naissantes et expériences interdites de l'adolescence (drogue, alcool, amours saphiques), refaire l'amour (avec un ami retrouvé), l'ostracisme de classe et de race... Bref, quand «Todos los saben» rencontre «La vie d'Adèle», «L'Hôtel de la Plage» et «L'incompris», le tout dans un seul film, et en schématisant sans doute un peu.
Des thématiques multiples
Tout cela serait sans doute passionnant dans une série Netflix de huit épisodes qui auraient permis de creuser, fouiller et établir de belles correspondances entre ces thèmes, tous pertinents. Ici, Catherine Corsini suggère des pistes sans vraiment les exploiter jusqu'au bout, provoquant parfois une certaine frustration. Il n'empêche : «Le Retour» se laisse découvrir non sans déplaisir.
Ne serait-ce qu'esthétiquement (décors naturels sublimes) et par la grâce d'un casting de jeunes inconnus, - hormis Virginie Ledoyen et Denis Podalydès dans des seconds rôles - et une véritable appétence pour le mystère, comme pour le profil psychologique de personnages toujours à la dérive ou à marge. Une belle façon de rentrer définitivement dans la compétition cannoise. «Le Retour» sortira en salles en France prochainement.