L'année 2023 est à peine lancée, mais les très bons albums déferlent déjà. Voici notre sélection de bandes dessinées et de romans graphiques à ne surtout pas manquer.
une invitation à éviter
Une couverture mystérieuse, qui donne envie d'en savoir plus. «The Nice House on the Lake» est le dernier chef-d’oeuvre de James Tynion IV et Alvaro Martinez. Une pépite éditée par Urban comics, où plusieurs invités se retrouvent près d'un lac, dans une villa incroyable, à l'occasion d'un week-end. Tous croient connaître Walter, leur hôte. Mais la réalité est tout autre. A noter : le tome 2 sera disponible le 31 mars prochain.
«The nice House on the lake», Tome 1, de James Tynion IV et Martinez Alvaro, éd. Urban Comics, 15 €
Road trip nordique
Jules et Martin, deux frères, sont partis en Norvège pour gravir le Preikestolen jusqu'au sommet. Si chacun a des raisons plus ou moins officielles pour effectuer ce voyage, les ressorts de leur périple sont en fait beaucoup plus intimes. Avec ce récit merveilleusement mis en images, le Liégeois Jean Crémers nous propose davantage un voyage intérieur qu'une escapade sur les routes norvégiennes, dans lequel beaucoup d'entre nous pourront se reconnaître.
«Vague de froid», de Jean Crémers, éd. Le Lombard, 23,50 €
Un étrange «famille»
Inoffensive en apparence, la BD «Chevrotine» bouscule pourtant les codes, dans la grande tradition du magazine Fluide Glacial. Tour à tour absurde, poétique, faussement naïve ou les trois à la fois, cet album multiplie les situations improbables et les rencontres entre l'héroïne, son chien, sa marmaille et tous les malchanceux que le destin voudra bien mettre sur leur route.
«Chevrotine», de Nicolas Gaignard et Pierrick Starsky, éd. Fluide Glacial, 16,90 €
Un monde de magie
Des ados qui se transforment en chevaux à la pleine lune ? C'est le monde fascinant proposé par Equinox, la nouvelle saga que lance l'éditeur Drakoo. Si, jusqu'ici, l'équilibre régnait, ce n'est plus le cas depuis l'explosion en mille morceaux de l'immense astre. Face à ce cataclysme improbable, Céliane, Ayline, Kamara et Sohalia, trois prêtresses de la lune aussi différentes que complémentaires, vont tout tenter pour restaurer leur honneur et sauver leur monde. A noter : cette nouvelle saga devrait comporter cinq tomes au total.
«Equinox : Cheval de lune», d'Aurélie Wellenstein et Aurora Gate, éd. Drakoo, 12,90 €
la lune du roi-soleil
Ah, la fistule de Louis XIV. Cette affection lui cause bien du tracas, et seule une opération pourrait le soulager. Mais en plein XVIIe siècle, ils ne sont pas nombreux à vouloir tenter le diable. Car le médecin le plus courageux pourrait bien devenir un régicide, alors que l'opération est tout simplement inédite et potentiellement mortelle. A la fois historiquement exact et foncièrement incroyable, cet album de Charlot et Hübsch est une lecture hautement recommandable.
«Le Royal fondement», de Charlot et Hübsch, éd. Grand angle, 16,90 €
une saga se réinvente
Le héros de BD venu du grand Nord s'offre une très belle relecture, baptisée «Thorgal Saga». Chaque Tome de cette nouvelle série sera indépendant et confié à un auteur différent. Pour ce volume inaugural, Robin Recht, le scénariste et dessinateur, a voulu frapper fort en mettant en scène un Thorgal qui aborde la fin de sa vie et enterre même son épouse, Aaricia dès les premières pages. Un geste courageux et parfaitement réussi, puisque cette aventure se révèle passionnante de bout en bout et sublimée par un trait à la fois élégant et efficace.
«Thorgal Saga : Adieu Aaricia», de Robin Recht, éd. Le Lombard, 23,50 €
mYSTÈRES À Kings Hill
Une dose de Stephen King, une pincée de Stranger Things… «Friday» devrait séduire un lectorat friand d'enquêtes et de mystères. Le décor est très vite posé, puisque l'arrivée de l'héroïne, qui donne son nom à la série, se déroule sous d'épaisses chutes de neige, dans la petite ville de Kings Hill. Ed Brubaker et Marcos Martin, les deux auteurs, imposent leur style particulier et maîtrisent à la perfection les codes du genres. Une belle réussite.
«Friday», d'Ed Brubaker et Marcos Martin, éd. Glénat, 19 €
un morceau d'histoire
Dans «Song», une mère, Linh, confie à sa fille le récit de son adolescence. Rien d'extravagant en principe, sauf qu'elle s'est déroulée dans le maquis vietnamien, entre 1969 et 1975. Linh, devenue réalisatrice, a passé sept ans avec les révolutionnaires communistes et nous livre un témoignage comme on en lit peu. Pour sa fille, Hai-Anh, ce récit est aussi et surtout une manière de revisiter une relation mère-fille pas toujours simple. Elle a réussi à transformer cette expérience unique en un roman graphique tout en nuances, grâce à la sensibilité de la dessinatrice Pauline Guitton, qui est également son amie d'enfance.
«Song», éd. Ankama, de Hai-Anh et Pauline Guitton, 24,90 €
Une héroïne xxl
Jade n'aime pas qu'on lui impose des choix. Fille d’une famille aristocratique, elle est obligée de suivre le plan de vie que lui imposent ses parents. Mais sa grande passion, c'est le body-building, qu'elle cherche à camoufler tant bien que mal. A l'origine, ce titre était un webtoon français (BD destinée à être lue sur un smartphone), signé par le duo 100% féminin Rutile et Diane Truc. Mais son succès «colossal» (pardon) a poussé les éditions Jungle à tenter l'aventure, avec un vrai album cartonné.
«Colossale», de Rutile et Diane Truc, éd. Jungle, 16,95 €
Entre futur et féodalité
Après sa saga de SF «Renaissance», le nouveau titre du scénariste Fred Duval était très attendu. Et «Néoforest» ne déçoit absolument pas. Ce récit, qui sera divisé en deux tomes, nous emporte littéralement. Ici, la civilisation s'est effondrée et les personnages évoluent dans un néo-féodalisme à la violence cruelle. Malins dans leur récit et leurs trouvailles visuelles, Fred Duval et Philippe Scoffoni nous étonnent de page en page. De la très bonne SF, vraiment.
«Néoforest», Tome 1, éd. Dargaud, 16,50€
Bonus : Des héros à croquer
Spirou, Le Marsupilami, Largo Winch, Boule et Bill, Les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe… Tous ces héros ont un point commun, à savoir leur éditeur, Dupuis. Pour en apprendre un peu plus sur cette incroyable «fabrique de héros», un ouvrage particulièrement instructif est désormais disponible. À travers 1001 anecdotes, les auteurs se penchent sur l'histoire incroyable de la vénérable maison installée à Charleroi depuis 1898. En quelques décennies, le petit imprimeur belge, et son magazine «Le journal de Spirou» (créé en 1938) ont été les fidèles compagnons de générations entières de lecteurs. Une aventure passionnante, qui fait aussi l'objet d'une exposition au titre identique, au Musée des Beaux-Arts de Charleroi, depuis la mi-décembre.
«La fabrique de héros : 100 ans d'édition chez Dupuis», de José-Louis Bocquet et Sergio Honorez, éd. Dupuis, 34 €