Actuellement en France pour travailler sur son 50e long-métrage, le réalisateur Woody Allen a annoncé qu'il prendrait sa retraite à l'issue de ce nouveau film, intégralement tourné en français. Sa dernière œuvre, «Rifkin's Festival», sorti en juillet, avait été l'un des plus gros échecs de sa carrière.
Une page du cinéma américain se referme. Dans un entretien accordé au journal catalan La Vanguardia, Woody Allen a annoncé prendre sa retraite de metteur en scène après son prochain film, qui sera réalisé en France.
Depuis l'émergence du mouvement #MeToo et les accusations d'agressions sexuelles de sa fille adoptive Dylan Farrow, le réalisateur new-yorkais n'est apparu qu'une seule fois derrière la caméra avec son dernier film, «Rifkin's Festival», boudé par la critique et le public. Sa précédente œuvre, «Un jour de pluie à New-York» avait été réduite à une sortie technique aux États-Unis, suite à la résurgence de ces attaques.
Quatre Oscars, deux césars, une Palme d'or
Figure de proue du Nouvel Hollywood, Woody Allen a commencé à la réalisation avec le long-métrage «Lily la tigresse», avant d'acquérir sa renommée avec des œuvres intemporels comme «Annie Hall», «Manhattan» ou encore «Hannah et ses sœurs». Sa mise en scène intimiste et ses dialogues acérés ont donné un élan nouveau à la comédie américaine, qui aborde des thèmes plus crus, comme la sexualité, ou la religion.
En véritable Stakhanoviste, Woody Allen a apposé son crédit sur 49 films en 56 ans, en dehors de ses ouvrages et de ses apparitions en tant que comédien sur d'autres films. Au total, il aura reçu plus de 70 récompenses dont quatre Oscars (deux pour «Annie Hall», un pour «Hannah et ses sœurs» et un pour «Minuit à Paris»), deux César du meilleur film étranger («Manhattan» et «La Rose Pourpre du Caire») et une Palme d'Or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
Depuis sa mise à l'écart de l'industrie hollywoodienne, le cinéaste a trouvé des financements en Europe, notamment en Espagne avec Mediapro pour «Rifkin's Festival», tourné à Saint-Sébastien. Lors de l'annonce du projet, il avait pourtant indiqué «ne jamais avoir pensé à arrêter» le cinéma.
Mais l'échec de ce dernier film a marqué le réalisateur originaire du Bronx. Dans une interview menée par l'acteur Alec Baldwin sur Instagram, il déclarait «qu'une grande partie du frisson a disparu», sous-entendant une fin de carrière très proche. Il rappelait également ne plus «s'amuser autant à faire un film» qu'à sa glorieuse époque.
Un chant du cygne à l'accent très français
Woody Allen fera ainsi ses adieux avec son 50e film, intitulé «Wasp 22». Et ce dernier sera tourné en France, à Paris. Le réalisateur avait annoncé, début juillet, qu'il serait de retour dans la capitale pour un «polar amoureux et vénéneux», dans la même veine que l'un de ses plus grands succès récents, «Match Point». Le tournage devrait débuter cet automne.
Si le long-métrage est produit grâce à des fonds américains, Allen a assuré qu'il sera tourné en français et avec des acteurs locaux. Le casting est pour l'instant tenu secret, mais des rumeurs enflent sur la présence d'Isabelle Huppert dans la distribution. Le projet, budgété aux alentours des 10 millions de dollars, est d'ailleurs «vieux de deux ans» et a été repoussé en raison de la pandémie de Covid-19.
Paris a porté chance au New-Yorkais. En effet, il y a réalisé son plus grand succès au box-office international, «Minuit à Paris», tourné dans la Ville Lumière avec Owen Wilson et Marion Cotillard, et pour lequel il a remporté l'Oscar du meilleur scénario original. «J'ai gardé un merveilleux souvenir du tournage en 2010. J'adore cette ville et je l'ai très souvent visitée, découvrant des lieux magiques à chaque fois», avait-il assuré.
Désormais, Woody Allen souhaite se concentrer sur sa casquette d'écrivain. Il a exercé sa plume pour la dernière fois au mois de juin, avec «Zero Gravity», un recueil d'essais humoristiques.