Le Festival de Cannes s'est ouvert ce mardi 17 mai avec une intervention poignante du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’apparition du président ukrainien lors de l’ouverture de la 75e édition du Festival de Cannes a suscité la surprise dans la salle et une ovation du public. Pendant près de dix minutes Volodymyr Zelensky a dénoncé la guerre que mène la Russie en Ukraine et appelé le monde du cinéma à ne pas se taire.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky intervient en direct de Kiev pour la cérémonie d’ouverture du 75e @Festival_Cannes.
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«Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n'est pas muet face à la guerre en Ukraine», a-t-il déclaré depuis Kiev dans un message vidéo. «Nous allons continuer de nous battre, nous n'avons pas d'autre choix (...) Je suis persuadé que le ‘dictateur’ va perdre », a-t-il ajouté en référence au président russe Vladimir Poutine et au film de Charlie Chaplin, qu'il a plusieurs fois cité.
« Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que de nos jours, le cinéma n’est pas muet. »
Les mots forts du président ukrainien Volodymyr Zelensky en direct de Kiev.
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«Je dis à tous ceux qui m’entendent: ne désespérez pas, la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront. Nous devons gagner cette victoire et nous avons besoin de cinéma qui assura que cette fin soit, chaque fois, du côté de la liberté», a-t-il encore lancé.
Au long de son discours Volodymyr Zelensky, pour qui «l'enfer est plus doux que la guerre», a notamment évoqué le massacre de Boutcha. Il a également tenu à rappeler que le théâtre de Marioupol, où plusieurs centaines de civils ont perdu la vie, était assez similaire à celui où se tenait l'ouverture de Festival. Il a aussi cité la réplique sur l'odeur du napalm au petit matin du film «Apocalypse Now», pour évoquer l'horreur que subit l'Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky cite "Apocalypse Now" pour dénoncer les ravages de la guerre dans son pays. #Cannes2022 pic.twitter.com/I3AySD4QZV
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Début avril, Volodymyr Zelensky était déjà intervenu durant la 64e édition des Grammy pour demander le soutien à son pays.
Une « ligne artistique et citoyenne »
La question de l'engagement dans le cinéma a aussi été évoquée par Virginie Efira au début de la cérémonie d'ouverture : «Est-ce que le cinéma peut changer le monde ? Pas sûr. Mais il peut en bouleverser notre perception. Et par conséquent, le monde en est vraiment changé (...) Les cinéastes libres, c'est ce que célèbre le festival de Cannes».
«Le Festival n'a cessé d'accueillir, de protéger et de réunir les plus grands cinéastes de leur temps», a également souligné le président du jury, Vincent Lindon, rappelant la «ligne artistique et citoyenne» du Festival mondialement connu. «Pouvons-nous faire autre chose qu'utiliser le cinéma, cette arme d'émotion massive, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l'imagine pas !», a-t-il ajouté.
Outre le bannissement des délégations officielles russes, annoncé après l'invasion, la sélection officielle du 75e Festival de Cannes porte elle aussi l'ombre de la guerre. A commencer par le film qui ouvrira la compétition mercredi, «La femme de Tchaïkovski», du dissident russe Kirill Serebrennikov dont la première montée des marches sera un symbole fort.
Seront aussi projetés au cours du Festval, les films des Ukrainiens Sergei Loznitsa ou Maksim Nakonechnyi, ainsi que le dernier long-métrage du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius, tué début avril en Ukraine, «Mariupolis 2».