Un destin héroïque. Grande figure de la résistance et agent secret britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, Violette Szabo est devenue un véritable symbole : celui d'une jeunesse prête à prendre tous les risques dans la lutte contre le nazisme.
Dans une remarquable biographie, intitulée «Violette Szabo, de Londres à Ravensbrück, une espionne face aux SS» (éd. Tallandier), le journaliste Guillaume Zeller retrace le parcours hors du commun de cette courageuse jeune femme, exécutée en 1945, à seulement 23 ans. «Elle a eu une courte vie mais d’une densité extrême. J’ai été très ému par son itinéraire, stupéfiant de courage, et la personnalité de Violette Szabo, que j'ai découverte il y a plus de 20 ans à la suite d’une rencontre avec Bob Maloubier, légende des services secrets», a confié l'auteur auprès de CNEWS.
C'était une femme «très solaire, joyeuse, magnétique, pleine d’énergie, sportive, qui aimait faire des blagues», ajoute-t-il, précisant que cet ouvrage est aussi l'occasion «de mettre en valeur le rôle fondamental des Anglais dans la résistance française». Après avoir intégré le Special Operations Executive (SOE), service créé en 1940 par Winston Churchill, chargé d’espionner l’ennemi et de mener des opérations de sabotage, l'héroïne franco-britannique, veuve et mère d'une petite fille, s'est envolée pour sa première mission en France.
En avril 1944, elle a été parachutée sous l'identité de Corinne Leroy dans la région de Rouen, où elle est parvenue à déjouer la vigilance des agents et collecter de précieux renseignements. Juste après le débarquement en Normandie, le 8 juin 1944, elle a été envoyée près de Limoges pour freiner la redoutable progression de la division allemande «Das Reich». Deux jours plus tard, le 10 juin 1944, elle a été capturée, puis incarcérée à Fresnes. Elle sera finalement déportée en août 1944, avant d’être exécutée à Ravensbrück dans les premières semaines de 1945, avec Denise Bloch et Liliane Rolfe, deux autres résistantes agents secrets.
une enquête fouillée
Ce portrait de près de 300 pages, aussi passionnant que précis, est le fruit d’une enquête fouillée, qui a necessité trois ans de travail. Guillaume Zeller a notamment travaillé avec des dossiers des archives nationales de Londres, du Service Historique de la Défense, à Vincennes et à Caen. Il s'est également appuyé sur «des archives concernant les personnes avec qui elle est partie en opération et en déportation, le dossier de naturalisation de son mari Etienne (légionnaire hongrois tué au combat au cours de la bataille d’El Alamein, en 1942), ainsi que sur une bibliographie anglophone».
Ce livre est un très bel hommage offert à cette magnifique figure de la résistance, dont le souvenir est quasi absent du paysage français. En effet, «Violette Szabo est née à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), a grandi dans la Somme, est morte pour la France et en France, mais elle demeure méconnue dans l'Hexagone», affirme Guillaume Zeller. Et ce, pour plusieurs raisons.
D'une part parce qu'«elle habitait en Angleterre, qu'elle reste associée à un service britannique, et que les témoignages français sont rares», et d'autre part parce qu'après la Seconde Guerre mondiale, «le Général de Gaulle a refusé que l’on mette en valeur le rôle des Britanniques dans la résistance. Toute l’action du SOE a été occultée», souligne l'écrivain, à qui l'on doit aussi «Les cages de la Kempeitai : Les Français sous la terreur japonaise Indochine, mars-août 1945».
«Violette Szabo, de Londres à Rvaensbruck, une espionne face aux SS», de Guillaume Zeller, (éd. Tallandier)