Mardi 18 janvier, aux environs de 21 h, le photographe René Robert a chuté dans le quartier parisien de République. Pas un passant n'a réagi à la vue de ce corps gisant sur le trottoir. Vers 6 h du matin, un SDF a prévenu finalement les secours. Mais il était trop tard.
«A René Robert, assassiné en pleine rue à Paris par l'indifférence des passants», s’est ému l'un de ses proches, le journaliste Michel Mompontet, saluant «un ami doux, sensible et humaniste».
C’était un ami doux sensible et humaniste. Aussi discret que sensible. Dans la nuit du 19, en plein centre de Paris, le grand photographe René Robert est tombé, victime d’un malaise. Incapable de se relever il est resté cloué au sol dans le froid 9 h durant avant qu’un SDF
— Michel Mompontet (@mompontet) January 23, 2022
«Aucun passant ne s’est arrêté pour voir pourquoi ce monsieur gisait sur le trottoir. Personne», a-t il dénoncé.
Le temps des remises en question
Depuis plus de cinquante ans, René Robert immortalisait les danseurs de flamenco, les gardait vivants, en noir et blanc, éternellement couchés sur papier glacé.
Adiós al fotógrafo flamenco René Roberthttps://t.co/TFY4l1TBsZ
— deflamenco (@deflamenco_com) January 24, 2022
Seule main tendue : celle de ce sans-domicile fixe, que Michel Mompontet cherche désormais à retrouver.
Sur Twitter, et dans un éditorial diffusé sur la chaîne Franceinfo, celui-ci a rendu un vibrant hommage à l’artiste franco-suisse. Et s’est lui-même interrogé : «est-ce que je suis sûr à 100% que si j'avais été confronté à cette scène, je me serais arrêté ?»
REPLAY
Cet édito de tout mon coeur.
A René Robert assassiné en pleine rue à Paris par l'indifference des passants.
Et cette question: Comment en sommes nous arrivés à oublier la base même de ce qui fait l'humanité ?
Repose en paix cher ami. pic.twitter.com/sHxSPAE8zI— Michel Mompontet (@mompontet) January 24, 2022
Car là est sans doute la vraie question, aux yeux du journaliste. Qui espère que ce fait-divers tragique puisse, au moins, aider à alerter les consciences.
«Quand un humain est couché sur le trottoir, aussi pressé que nous soyons, vérifions son état. Arrêtons-nous un instant», a-t-il plaidé.
Devenu maître dans l’art de capter des instants suspendus, René Robert résumait son travail ainsi : «j’étais juste là au bon moment».
L’année dernière, il avait fait don de milliers de clichés à la Bibliothèque nationale de France.