Auteur d’une trentaine de pièces, joué partout dans le monde et toujours enseigné sur les bancs de l’école, Molière figure parmi les auteurs français les plus connus. Ne parle-t-on d’ailleurs pas de langue de Molière pour qualifier la langue française ? Alors que ce 15 janvier est célébré le 400e anniversaire de sa naissance, sait-on tout de cet illustre dramaturge ?
La vie de Molière reste aujourd'hui encore auréolée de nombreuses zones d'ombre. Si l'on sait qu'il a eu une enfance bourgeoise, qu'il a perdu sa mère à l'âge de dix ans ou bien qu'il a épousé Armande Béjart, plusieurs mystères planent toujours. Voici cinq anecdotes que vous ne connaissiez (peut-être) pas.
Molière destiné à une carrière de tapissier du roi
Fils aîné de Jean Poquelin, Molière est destiné à reprendre la charge paternelle de maître tapissier. Comme l'explique Michel Bouquet dans son ouvrage «Michel Bouquet raconte Molière» (Ed. Philippe Rey), son père lui assure même la position de «valet de chambre tapissier ordinaire du roi». A ce titre, en 1642, à 20 ans, il accompagne Louis XIII et Richelieu dans le Languedoc, où il est chargé d'organiser le transport du mobilier et des tapisseries du roi. Mais quelques mois plus tard, et après avoir en parallèle suivi des études de latin, grec au collège Clermont - actuel lycée Louis-le-Grand - mais aussi de droit, il décide d'embrasser une carrière de comédien. Un métier très peu respectable à l'époque. Il renonce alors à sa charge de tapissier du roi et à une vie de bourgeois pour devenir... Molière.
Un nom de scène à l’origine incertaine
Né Jean-Baptiste Poquelin le 15 janvier 1622, le dramaturge choisi de se tourner vers le théâtre à l’âge de 21 ans. Comme le veut l’usage à l’époque, les comédiens, dont le métier est très mal vu par l’église et qui sont d’ailleurs voués à l’excommunication, changent alors de nom pour ne pas jeter l’opprobre sur leur famille. Jean-Baptiste Poquelin adopte alors le pseudonyme de Molière.
Plusieurs hypothèses sont avancées quant à ce nom d’emprunt. Il pourrait ainsi s’agir d’un hommage à l’écrivain François Molière d’Essertine, mort assassiné en 1624, ou d’un clin d’œil à plusieurs villages du Gard comme le rapporte Francis Huster dans son «Dictionnaire amoureux de Molière» (Ed. Plon). A moins qu'il ne s'agisse d'un autre usage commun à l'époque, celui de prendre un nom de campagne à l'instar de Montfleury, Floridor ou encore Bellerose, comme l'évoque Michel Bouquet, qui cite également le dictionnaire de Furetière pour qui le terme «molière» renvoie aux carrières de pierre. Le mystère reste entier, Molière de son vivant n’ayant jamais justifié son choix.
Molière a épousé la fille de sa première compagne
Les théories les plus folles ont circulé sur le mariage de Molière et Armande Béjart, jusqu’à dire qu’il avait épousé sa propre fille. Il n’en est rien. En revanche, de 20 ans sa cadette, Armande Béjart est bien la fille, née hors mariage, de Madeleine Béjart, comédienne à la crinière rousse de la lignée des Béjart et première compagne de Jean-Baptiste Poquelin. C'est d'ailleurs Madeleine Béjart qui pourrait bien avoir détourné Molière de son destin tout tracé de tapissier du roi pour se tourner vers une carrière d’auteur et comédien. Après avoir été l’amant de Madeleine Béjart, femme libre ayant entretenu de nombreuses relations, c’est donc bien la fille de cette dernière qu’il épouse en janvier 1662.
Également comédienne de sa troupe, Armande, née illégitimement puisqu’elle est le fruit de la relation entre Madeleine Béjart et le Comte de Modène, a un temps été considérée comme la petite sœur de Madeleine Béjart.
Molière n’est pas mort sur scène
Dans l’imaginaire collectif, Molière est mort sur scène le 17 février 1673, à l'âge de 51 ans. C’est pourtant bien chez lui, très précisément dans son lit rue de Richelieu, note Francis Huster dans son Dictionnaire, que Molière poussa son dernier soupir. En revanche, quelques heures auparavant, lors de la quatrième représentation du «Malade imaginaire», Molière, atteint d'une fluxion pulmonaire, a bien été victime, au cours du dernier acte, d'une quinte de toux, qui n'est pas passée inaperçue. Alors qu’il campait le rôle du plus célèbre des hypocondriaques - Argan - le comédien affaibli joua pourtant sa pièce jusqu'au bout, mais s'éteignit le soir même, faisant naître le mythe d’une mort sur scène.
Le comédien a été enterré en pleine nuit dans le secret
Comment imaginer que Molière, aujourd’hui figure emblématique des arts français, ait été enterré sans hommage ? Ce fut pourtant le cas en février 1673. Alors qu’à l’époque les comédiens n’ont pas le droit à une sépulture à moins de de se confesser et de renier leur profession sur leur lit de mort, chose que Molière n’a pu faire étant donné que plusieurs prélats ont refusé de se déplacer pour lui administrer les derniers sacrements, le corps de Molière était voué à la fosse commue.
C’est sans compter sur son épouse, qui convainc le roi et réussi à le faire enterrer le 21 février mais de nuit, dans le secret et sans cortège au cimetière Saint-Joseph. En 1817, sa dépouille est déplacée au cimetière du Père Lachaise, mais nul n'est certain à ce jour que ce soit bien le corps de Molière qui y réside.