Petite révolution dans le streaming musical : la plate-forme allemande SoundCloud a annoncé ce mardi lancer, dès avril, un nouveau système de rémunération des artistes basé sur les durées d'écoute. Une première.
«C'est une demande qui revient depuis des années dans l'industrie. Nous sommes heureux d'être les premiers à apporter cette innovation pour soutenir les artistes», s'est félicité Michael Weissman, directeur général de la plate-forme.
Fan-powered royalties go into effect starting April 1, 2021 for independent artists monetizing on SoundCloud. Learn how it all works: https://t.co/Pr9eJUQuDK
(5/5)#YourStreamMatters— SoundCloud (@SoundCloud) March 2, 2021
Jusqu'ici, le fonctionnement des plate-formes de streaming musicales, telles que Spotify, Deezer et SoundClound était simple : un abonné qui paye 10 euros par mois voit une grande partie de cette somme migrer vers les artistes les plus streamés.
Connu sous le nom de «market centric» (prorata des écoutes totales), ce système, décrié par les artistes, s'oppose au modèle théorique du «user centric», qui s'appuie sur les écoutes individuelles des abonnés. Concrètement, le premier système favorise les grandes stars comme Drake ou Ariana Grande, au détriment des plus petites.
«Juste et équitable»
C'est ce système que va remettre en cause l'Allemand Soundcloud, qui, dès le 1er avril, inaugurera, pour les artistes qui monétisent leurs créations en utilisant les services SoundCloud Premier, Repost by SoundCloud ou Repost Select, un système qui lie leur rémunération aux écoutes de leurs fans.
Au total, ce sont «près de 100.000 artistes indépendants» dans le monde qui sont concernés par ce changement de méthode, sur les 30 millions présents sur la plate-forme.
Un système plus «juste» et «équitable» selon SoundCloud, et qui devrait, in fine, favoriser une plus grande diversité musicale. Selon ses estimations, les artistes français notamment devraient être les grands gagnants de ce changement : ils verraient le montant total qui leur est versé augmenter collectivement de près de 25%.
De quoi apaiser l'ire des artistes, qui, privés des revenus des concerts, suspendus pour cause de crise sanitaire, dénoncent depuis des mois le système de rémunération de ces plateformes ?
«C'est une initiative intéressante», a salué Jean-Philippe Thiellay, Président du Centre national de la musique, instance qui chapeaute la filière musicale française. «Les choses bougent beaucoup dans le monde du streaming, c'est une bonne chose. Maintenant il va falloir voir précisément ce que cela va changer pour les artistes».
Fin janvier, l'institution estimait, dans une étude réalisée par le cabinet Deloitte, que changer le système de répartition des plate-formes musicales, en passant du pot commun aux écoutes par artiste, impacterait peu la rétribution des musiciens actuellement marginalisés et aurait pour principal effet de stabiliser le «milieu du classement».
Autre élément intéressant de cette étude, un changement de rémunération engendrerait bien une plus grande diversité musicale : les redevances augmenteraient de +24% pour la musique classique, +22% pour le hard rock, 18% pour le blues. A contrario, les musiques «mainstream» comme le rap verraient, elles, leur redevance baisser de 21%.