2020 n'a pas été que l'année de la pandémie. Pour pallier aux confinements et à l'angoisse généralisée, l'humour s'est invité. Le dictionnaire Le Robert et les membres de l'Oulipo l'ont bien compris et ont proposé fin décembre un concours de mots-valises. Le résultat est étonnant et... réjouissant.
A cause de la pandémie, Le Robert a dû abandonner son annuelle élection du mot de l'année. «Les dés étaient pipés et le supsense n'aurait pas lieu ! A coup sûr, il faudrait choisir entre «coronavirus», «Covid», «masque» ou «vaccin» pour les plus optimistes», explique Charles Bimbenet, directeur général des éditions Le Robert. C'est pourquoi, en collaboration avec les membres de l'Oulipo (L'OUvroir de LIttérature POtentielle), Le Robert a invité, début décembre 2020, les francophones à créer des mots-valises autour de 2020. Le but ? Créer un «Dicovid», soit un dictionnaire fictif autour d'inventions lexicales portant sur notre quotidien en temps de pandémie mondiale.
Le moins que l'on puisse dire c'est que le Covid-19 est loin d'avoir tué le sens de l'humour des francophones. Parmi les nombreux mots-valises envoyés, Le Robert et l'Oulipo en ont élu quinze particulièrement croustillants qui forment ainsi le sel de ce «Dicovid».
Les voici :
Airgasmer : Prendre une première bouffée d’air en enlevant son masque.
Attestarder : Remplir son attestation alors qu'on est déjà dans la rue.
S’autobuer : Quand les lunettes sont embuées à cause du masque.
Clubster : Endroit cosy pour retrouver sa team ou faire des rencontres et revenir avec un microchinel dans le réservoir. (Voir microchinel).
Cobidité : Embonpoint simultané de plusieurs personnes vivant des situations de confinement.
Déconcerté : Individu dont le concert réservé un an en avance a été annulé.
Facultatoire : Se dit facultatif mais devient obligatoire.
Gelouser : Envier son prochain qui s'enduit les mains de gel alors qu'on est soi-même en rupture de stock.
Hydroalcoolisme : Tendance à s'enduire de gel hydroalcoolique plutôt que se laver les paluches.
Mascarpogne : Tenir son masque à la main.
Masquàras : Port du masque sous le nez.
Pénuriz : Disparition éclair des denrées alimentaires à l'annonce d'un confinement probable.
Solimasquer : Se rendre compte que l'on a conservé son masque alors que l'on est tout seul chez soi.
Téléventiler : Brasser du vent en télétravail.
Vaccinglinglin : 1 Projection dans un avenir incertain lorsque la perspective d'un vaccin contre le coronavirus apparaissait encore très lointaine. 2 Lorsque les pays pauvres seront enfin fournis à leur tour en vaccins.
Des inventions bourrées d'humour
D'autre termes n'ont pas été retenus pour ce «Dicovid» mais les éditions du Robert et l'OUlipo ont quand même tenu à citer toutes les inventions particulièrement remarquables des participants.
On peut citer le très confortable «s'ermitoufler» (se couper totalement du contexte angoissant en se réfugiant sous la couette), le très filou «Iteratester» (ressaisir une attestation pour rester plus longtemps dehors) ou encore la plaisante «confiniabulle» (conversation masquée depuis la fenêtre avec le voisinage). Pour le bien-être de tous, espérons que le «toux-shamer» (regarder mal quelqu'un qui tousse en période de pandémie mondiale), lui, disparaisse bien vite.